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12 septembre 2021

Ghost World (2001) de Terry Zwigoff

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20 ans plus tard, Ghost World a gardé ce petit côté weirdo qui faisait déjà tout son charme. Certes, l'histoire qui nous est contée n'a rien de franchement follichon follichon, Tora Birch as Enid, semblant passer un été sous le signe de Murphy : si elle jette sur ce monde un regard assez torve, ce dernier va se faire un petit plaisir de lui rendre ; plus Enid doute, plus les quelques portes de sortie qu'elle avait commencé à ouvrir se referment... Dès le départ, on sent que cette Betty Boop tristoune, en compagnie de sa copine (Scarlett Johansson, 17 ans, et des rondeurs déjà mûres), pose un regard pour le moins sceptique sur le monde concombre qui l'entoure... Des gens hypocrites, des parents (enfin disons pour le coup simplement le père d'Enid puisque de mère il n'y a plus) à côté de la plaque, et un monde qui s'offre à elles pas le plus excitant du monde - elles ont décidé d'arrêter les études, Scarlett a trouvé un petit boulot à la con, Enid ne s'est même pas encore donné cette peine. Le seul truc un peu excitant à l'horizon serait qu'elles prennent un appart ensemble... mais cette perspective, si elle réjouit Scarlett, a du mal à sortir Enid de sa torpeur, de sa lassitude...

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C'est un petit film qui a son charme, disais-je, tant Zwigoff semble ne rien faire pour le rendre particulièrement excitant ; Enid se lie à un vieux garçon aussi mal fagoté qu'un clown triste (Steve Buscemi, le canon du siècle), un nerd passionné de jazz totalement renfermé dans son petit monde, celui d'il y a cinquante ans... Ce type à la marge semble tout de même plus correspondre à Enid (au moins, il est fidèle à ses hobbies, à ses passions même s'il a une gueule mortifère) que la petite Scarlett, mimi tout plein, mais con comme un pinson - et diablement prévisible, niaise... Enid se cherche, tente quelques trucs artistiques en dehors des clous, dessine mais peine à se défaire de cette non-joie de vivre qui lui colle à la peau. Zwigoff, tout en nous faisant le portrait de cette ado qui se cherche, ne tente jamais de tomber dans la comédie facile, dans le gag brut, dans le positivisme primaire ; son film, éclairé en demi-teinte comme une toile d'Edward Hopper, joue avec une certaine finesse sur un humour à froid sur la tangente, sur le rire plus jaune, doucereux que gras... Notre pauvre petite Betty Boop s'enfonce progressivement dans ce marasme qu'elle semble avoir elle-même provoqué et le final, très poétique, apporte une nouvelle petite touche d'originalité assez finaude - pas facile pour ces ados un peu hors-norme de se coltiner à ce monde si tristement banal. Bienvenue dans le monde fantomatique de l'adolescence dont Zwigoff, malgré les couleurs vives et voyantes en surface, traduit toutes les nuances de gris. Pas mal vu.

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