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4 février 2021

First Love, le dernier Yakuza (Hatsukoi) (2020) de Takeshi Miike

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Voilà sept ans qu'on n’avait pas parlé de l'ami Miike en ces colonnes, un cinéaste prolifique qui attaque tout de même ici, courts et longs métrages confondus, sa cent-troisième oeuvre. Bonne nouvelle, il nous revient en pleine forme avec ce polar noyé sous la causticité ; au niveau de la forme, qui plus est, c'est parfaitement tenu et on se régale de ces multiples charclages sanglants, séquences dont il est l’un des maîtres absolus. Au départ, deux jeunes gens bien gentillets de prime abord : un boxeur en plein doute depuis qu'on lui a annoncé qu'il avait une tumeur et une jeune femme prostituée et droguée - mais de force, of course. Les deux ont subi leur petit lot de traumas (lui fut abandonné à la naissance, elle fut violée par son père…) et vont se retrouver, totalement par hasard, associés lors de cette journée de tueries. Ils se retrouvent en effet au milieu d'un coup qui a mal tourné : un flic s'est associé avec un jeune yakuza pour se partager le dernier arrivage de meth. Seulement voilà, leur petit plan pour voler la dizaine de sacs va totalement foirer : le yakuza fracasse son collègue dealer, le flic merdoie avec la prostituée qui devait porter le chapeau et tout part absolument en vrille. Nos deux couillons de yakuza et de flic ripoux se retrouvent vite pourchassés par la mafia nippone, chinoise et les keufs... Tout comme notre boxeur et cette prostituée qui se retrouvent donc mêlés malgré eux à tout cet imbroglio. Il y a du règlement de compte dans l'air, pas moins de soixante-douze...

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Miike ose tout, l'aspect romantique, le polar avec poursuites, la violence gore (ça décapite, ça coupe des bras, ça tire des balles qui explosent les corps...) et c'est franchement l'un des seuls qui peut se permettre de réussir un tel assemblage de genre. Peut-être parce qu'il y a toujours une petite pointe d'ironie qui permet de tout accepter, même les scènes les plus farfelues (le petit chien mécanique censé mettre le feu à la baraque, excellentissime), même les dérives dans la forme (un saut en bagnole réalisé sous forme de dessin animé : le pire, c’est que ça fonctionne à la perfection tant ces personnages ont quelque chose de délicieusement cartoonesque). Peut-être aussi (et surtout) parce qu'il y a la manière : que ce soit dans ce souterrain avec une douzaine de bagnoles qui se tirent la bourre ou dans ce magasin de bricolage (!) où se retrouve une bonne trentaine de tueurs (ça part dans tous les sens), Miike est toujours capable de nous servir un montage d'une parfaite fluidité pour que l'on ne soit jamais perdu. Véritable gageure alors que la gabegie de morts s'enchaîne. Comme dirait le jeune yakuza "ça commence par faire beaucoup pour aujourd'hui !'... Tu m’étonnes, Elton, il a tellement merdé son coup qu'il se retrouve obligé de tuer tous ceux qui se trouvent sur son passage : femme vengeresse qui voudrait l'accrocher à un croc de boucher, expert en sabre qui voudrait le découper en sushis, tueur à lunettes noires qui voudrait remplir son corps de balles - pas de spoiler, juste une info : notre type résistera comme un beau diable, sans jamais se départir de son sens mordant de l'humour. Je le disais, c'est un carnage total, ce qui n'empêche pas de faire vivre certains personnages : notre boxeur, qui pensait être à la fin de sa vie, va se retrouver au centre des débats et va devoir prendre pleinement ses responsabilités pour sauver cette jeune femme sans trop de repères : deux combattants (lui contre lui-même, elle contre la drogue) qui vont devoir faire front ensemble pour survivre – avec forcément un petit air de romance entre les deux que Miike filme, jusqu'au bout, avec une belle pudeur. Bref, Miike is back et nous sert un polar noir, saignant, teinté d’une pure bluette : toute sa palette de couleurs qu'il maîtrise avec brio.   (Shang - 30/03/20)

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Ouais, bon, j'admets que c'est fun, complètement crétin, et jouissif le samedi soir quand on a besoin d'un bon vide-cerveau. De là à crier au grand, il y a tout de même un pas selon moi. Miike a la faveur de ce blog, mais c'est surtout pour ses grands délires passés (je me souviens non sans terreur de MPD-Psycho ou de Visitor Q). Il en reste bien quelques bribes dans First Love, c'est certain : quelques personnages se prennent 30 bastos dans la poitrine et se relèvent en ricanant, le film est parfois pollué par des inspirations baroques (le dessin animé sur la fin, n'importe quoi), les personnages sont complètement dingues (des inspirations manga-esques)... mais le film ne retrouve jamais la saine folie à laquelle le bon Nippon nous a habitués. Tout ça, finalement, est relativement classique, c'est l'éternel petit mec pris au milieu d'un magma de violence qui lui échappe, et qui doit en réchapper. On se fout très vite de qui est qui, tant les personnages foisonnent et tant les gangs se multiplient au fur et à mesure du film ; et on se laisse aller au simple plaisir de voir les corps voltiger, les sabres trancher et les flingues faire parler la poudre. Ça se tord dans tous les sens et ça fait des "gnark" de douleur avant de reprendre courageusement le combat, couvert de sang et valeureux, dans la grande tradition ça esthétise la violence jusqu'à l'absurde, c'est plaisant. Bon, dans la grande tradition miikiesque aussi, c'est joué au rabais (on a envie d'asséner des gifles sonores à l'actrice à chaque apparition de cette héroïne infantilisée jusqu'à l'excès), c'est pas très réfléchi, un peu bâclé, écrit sur un coin de table mouillé de saké. Mais qu'est-ce que vous voulez, on ne peut pas en vouloir à ce type qui a créé tellement de trucs improbables, et pour cette fois encore on s'abandonne au plaisir régressif, sans complexe. L'exigence en bandoulière, mais ça n'est pas très grave.   (Gols - 04/02/21)

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Commentaires
F
ça donne envie ! Je tenterai ça bientôt :)
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