Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
7 septembre 2019

LIVRE : Chroniques d'une Station-Service de Alexandre Labruffe - 2019

G02542De la station-service de la Place des Vosges à Moulins (mes débuts de pompiste) à celle des Parapluies de Cherbourg (mon final pompier et triste à mourir préféré), vous connaissez ma passion pour la chose et pour l'odeur de l'essence (à tel point que je ne supporte plus l'odeur du parfum, trop fade – c’est vous dire). Comment, du coup, ne pas craquer pour ce petit ouvrage teinté d'humour sur ce lieu culte ? (je viens d'apprendre en plus à la fin du bouquin que le type a bossé à l'Alliance française en Chine... diable, je serais quand même au courant si j'avais pris un pseudo...). Beauvoire, notre héros, en voit donc de toutes les couleurs entre deux petits coups de pompe. Clients déjantés, habitués pas bégueules, situations cocasses, il s'en passe des choses dans ce lieu de transition... Enfin des choses, des presque riens mais qui n'en rendent pas moins passionnant le quotidien... Enfin, passionnant, pour peu qu'on puisse trouver passionnantes les petites surprises et autres conneries que la vie nous réserve. Des types qui s'échangent des livres avec des messages codés, une sublime nipponne qui vient de temps à autre faire flotter un souffle de sensualité dans cette poudrière éventuelle, un patron qui voit d'un mauvais œil notre héros quand il décide de transformer sa "cellule" en galerie d'exposition, des zonards qui zonent, des VRP qui déconnent, autant de quidam jamais à court d'idées (bonnes ou mauvaises) qui déboulent en ce lieu (c'était plus terne, Place des Vosges...). Labruffe, comme un Toussaint à ses débuts, cisaille ses chapitres (pas loin de deux cents), les cisèle et livre quelques petites pensées brutes du meilleur effet. On ricane souvent devant les remarques à la con de notre hôte pompiste, qu'il décide de se prendre pour Baudrillard ou qu'il parle de séries B (dire que Fleischer n'a fait qu'un chef d'œuvre et que des merdes, par exemple, je m'insurge... mais je ne vois là finalement qu'une petite provocation de mon alter égo). Un ouvrage qui se lit au débotté entre deux cours (ou deux pleins, j'ai pour ma part évolué (...)) et qui permet sans jamais se prendre la tête de passer un bon moment avec un type que l'absurde ne rebute guère, que le migrant n'intéresse pas forcément, et dont les formules à l'emporte-pièce font souvent mouche. On n'est pas non plus chez un Brautigan frenchy mais il y a ici ou là l'esprit de la chose à défaut de la poésie. Super ! (oui, bon je n'allais pas non plus conclure en disant « gazole ! » (cela n'a pas de sens) ou « ordinaire ! » qui sonne résolument mesquin).   (Shang - 05/09/19)


imageJe n'ai pas de passé pétrolifère, mais j'ai quand même ouvert ce bouquin, grand passionné inavoué que je suis des stations d'autoroute. J'avoue pour ma part une certaine perplexité teintée de désintérêt pour ce livre certes croquignolet, mais guère plus consistant qu'un sandwich poulet bio-oeufs sous vide. Au départ, on s'intéresse à cette petite, toute petite existence qui trouve sa gloire justement dans sa petitesse, à cet éloge du minuscule, à cette modestie du trait. On se dit que, oui, il y a du matériau dans cette idée, dans ce personnage qui voit passer de façon fugace des centaines d'anonymes qui ont tous leur petite part d'étrangeté, de burlesque, de bouts de fiction en souffrance. On apprécie aussi l'aspect impressionniste du texte, courts chapitres résumés parfois à une impression, un geste observé, une phrase entendue. Mais Labruffe, lui, ne s'en contente pas, et n'est pas Pierre Michon pour parvenir à enchanter le réel, à fictionnaliser la réalité et le quotidien jusqu'à les transcender. Il charge donc son personnage de pensées parfois de petit malin (sa passion pour Mad Max, ses sorties baudrillardesques, sa philosophie du jeu de dames), et surtout ajoute à son livre des fictions improbables qui assassinent le projet : une asiatique fantasmatique, un jeu de codes échangés par bouquin interposé, des expos clandestines dans sa station : on n'y croit pas, pas plus qu'aux personnages secondaires trop chargés (le patron connard), et on se dit qu'au bout de quelques pages, le livre retombe dans le roman banal. On cherche encore l'auteur contemporain qui arrivera à parler du réel et à le doper pour en faire une fiction. Il y avait un effort ici, mais Labruffe est enchaîné à la trame à tout prix, et s'y empêtre. Reste que le livre est une agréable parenthèse récréative, plutôt bien écrit (la rapidité d'exécution fait souvent des étincelles), amusant dans sa construction. Sans plomb, à mon avis.   (Gols - 07/09/19)

Commentaires
Derniers commentaires