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24 février 2018

Dede (დედე) de Mariam Khatchvani - 2017

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Rudes journées pour notre brave Dina, jeune géorgienne abandonnée dans la ruralité guère riante des années 90. Non seulement il neige sa mère, mais la voilà en plus contrainte d'épouser contre son gré un gusse pas super sexy, alors qu'elle est amoureuse de son copain Gegi. Elle s'enfuit avec, mais il est tué, et elle reste avec son bébé sur les bras. Et la voilà enlevée par un type qu'elle méprise, et voilà que le petit tombe malade, et voilà qu'il neige encore plus, et la voilà abandonnée par toute sa famille et vouée aux gémonies par toute la Géorgie, et voilà qu'il manque la pilule qui pourrait guérir le bambin, et voilà... Ah non, vraiment il fait pas bon vivre dans ce pays-là quand on est une femme, nom de d'là, et Khatchavni nous le prouve par A plus B plus toutes les lettres de l'alphabet. Au début, on est en empathie devant ce destin tragique, d'autant que la réalisatrice n'est pas malhabile pour cadrer son paysage austère mais magnifique de montagnes reculées, et qu'elle sait dire les choses frontalement.

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Mais peu à peu, devant l'avalanche infernale de drames auxquels la jeune fille doit faire face, on se prend à avoir un rictus un peu nerveux. On ne se le permet pas complètement, parce que le film est d'un sérieux papal, et on sent bien qu'il faut se montrer concerné par cette tragédie totale. Mais tout de même : la belle en fait un peu trop dans le rajoutage de louche, et pour une scène bien sentie (un dialogue terrible avec la mère, qui se termine par une brutale fin de non-recevoir) il faut s'en taper 36 lourdement explicatives. On cherche sa place dans ce discours édifiant qui souligne tout, nous dit exactement ce qu'il faut penser et de quel côté faire pencher la balance, ne laisse aucune place à l'ellipse ou à la réflexion, privilégie toujours le verbe aux corps pour nous expliquer les choses façon leçon de morale. Comme en plus les comédiens amateurs sont en-dessous de tout (on comprend le geste de les avoir engagés, mais peut-être aurait-il fallu tout de même les diriger un minimum, ce n'est pas le tout d'avoir un souci d'authenticité), on finit par ne plus voir que les défauts du film. Bon, on a quand même droit à un côté entomologiste assez sensible, et les meilleures scènes sont celles où on décrit les conditions de vie infernales dans ces villages reculés qui semblent encore vivre au XIXème siècle : une course de chevaux dans les montagnes, un tracteur qui tombe en panne en plein déneigeage, des scènes d'intérieur d'une sécheresse terrible, une description assez précise des rites superstitieux de ces paysans, on apprécie parfois le tableau. Dommage que Khatchvani ait voulu coller un scénario là-dessus.

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