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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
24 février 2018

Le Concours (2017) de Claire Simon

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Ah que de nostalgie que cette époque ancienne où je tentais le concours de la Fémis... Hein ? Ah oui, tiens c'est vrai que finalement je ne l'ai jamais tenté alors que j'étais un peu parti en fac pour cela - on oublie tellement de chose en cours de route. Bref. Claire Simon pose donc sa caméra dans l'antre sacrée de the école préparatoire aux métiers du cinéma (réalisateur, scénariste, producteurs, etc...). Après un premier temps un peu vain (tous les candidats sont réunis dans une salle de cinéma pour composer... On comprend que la sélection est rugueuse mais on s'en doutait…), un second un peu plus détaillé (pratique + entretien), on arrive au grand oral devant des réalisateurs de renom (Luc Besson, Jean-Jacques Annaud... ah oui non, il faudra se contenter d'Olivier Ducastel et de Laetitia Masson) et des techniciens pêchus. Si on peut apprécier le second temps où certains candidats, entre autres, doivent exposer une histoire à partir d'une ou deux phrases (ils sont jeunes et tendres dans l'ensemble et se lancent à fond les ballons), c'est durant le grand oral qu'ils se livrent le plus : avec candeur et fraîcheur, pour certains, avec un côté un peu plus prise de tête pour d'autres... On comprend vite que l'un des mots d'ordre n'est pas de privilégier les grosses têtes qui ont potassé durant des heures le "petit livre du candidat de base pour réussir le concours d’entrée de la Fémis" mais plutôt de sélectionner ce qui parle de façon personnelle de leur passion... De même, les règles du jeu semblent avoir quelque peu évolué ces derniers temps (fi du passé et des privilèges... on en dit pas plus, non, pour ne pas se brouiller avec la profession ou certains ministres) puisque le jury a toute liberté pour sélectionner des "pauvres" (sic), voire des bouseux (sic) et certaines minorités - faisait chier tous ces candidats de science po, sans blagues... On peut souvent être un peu scié de voir que les gars ne s'étendent que peu sur leur goût cinématographique (il y en a même une qui est incapable de citer un film... Ben quand même !) mais plus sur leur petite vision personnelle de leur spécialité - ils sont encore des petits têtards, certes. On suit avec un peu plus d'intérêt les débats au sein du jury où l'on sent chacun défendre ses petits coups de cœur : exercice forcément très subjectif devant des candidats souvent un peu maladroits pour définir leur pensée mais habités pour certains d'une petite flamme vaillante pour le septième art. On quitte la chose en ayant l'impression d'avoir presque participé à l'exam (il était pas trop tôt...) – ce qui est déjà pas mal - mais en regrettant un peu que Simon ne se soit pas plus focalisée sur une poignée de candidats tout du long (on a du coup très peu de temps pour vraiment cerner les participants, leur motivation et leur attente en rentrant dans the temple sacré – pas le temps du même coup pour éprouver vraiment de l’empathie). Bonne copie qui mérite des encouragements - mais oui, avouons qu’on attendait un peu mieux, c'est vrai.   (Shang - 23/12/17)

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Il y a quand même quelque chose de foncièrement schizophrène là-dedans, et que Claire Simon, en quelques rares occurrences, arrive à pointer : faire entrer des cinéastes, c'est-à-dire des artistes dont on s'attend à ce qu'ils soient rétifs à toute mise en moule, dans une école, institution forcément vouée à dispenser une enseignement normé. Dans les débats de la deuxième moitié, cette ambiguité apparaît souvent, dans les débats houleux entre jurés : faut-il accepter le fou furieux, qui donnera peut-être un Winding Refn en fin de compte, ou, pour la bonne tenue des cours, accepter la candidate bien sage qui fera tranquillement ses études sans faire de bruit ? Fidèle à son manque de choix définitif dans ses films (j'y reviens, j'en ai vu un autre), Simon n'esquisse qu'à peine ce problème. Elle préfère se concentrer sur tout ce qui passe sous sa caméra, sans vrai choix de mise en scène ou de dramaturgie : effectivement, on regrette qu'elle ne suive pas plus précisément quelques candidats, et que ceux-ci soient considérés comme une sorte d'entité abstraite. Les premiers plans, où on voit une masse incroyablement dense de candidats, pointe le problème de mise en scène de la dame : il y a les élèves, nombre informe, et les jurés, filmés chacun dans sa spécificité et son caractère. On se dit que, finalement, le film s'intéresse plus à ces derniers qu'à ces premiers, les débats constituant la matière première du film. Débats qui virent assez subtilement à la politique pure et dure : la FEMIS doit-elle être une école d'excellence, ou un lieu républicain qui accueillerait son quota de pauvres, de Noirs, de ruraux, etc.

CONCOURS

Tout comme mon camarade, le sujet m'a beaucoup intéressé, et j'ai donc accepté de fermer les yeux sur les mille et une maladresses de Claire Simon. C'est trop long, ça part dans tous les sens, c'est pas du tout tenu, c'est finalement assez anodin, ça montre un entre-soi très déplaisant ; mais on rit souvent aux excès et aux enthousiasmes immatures de ces apprentis-cinéastes, qui sont capables de s'enthousiasmer pour une histoire débile ("ouais, mais c'est arrivé à mon cousin !"), ou de déployer une crânerie incroyable (le candidat italien qui se la joue beau gosse producteur, insupportable, et qui arrive à séduire une grande partie du jury). Finalement, on se dit que la candidate incapable de citer un film qu'elle a aimé serait peut-être l'élève idéale, une personne vierge de toute expérience (un peu comme le fut en son temps Idrissa Ouedraogo, hommage éploré) ; ou, à l'opposé, ce jeune gars qui repère Dieu dans les toutes petites choses, au discours très mature et très fin sur le regard : deux pôles opposés, deux façons de concevoir l'école, qui donennt lieu à des disputes parfois violentes entre jurés.

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Simon, pendant ce temps, tire la langue pour attraper tout ce qui passe, sans nuance, et réalise en truc un peu pénible à regarder. C'est clairement l'école Wiseman : filmer un lieu mythique qu'on ne voit jamais à l'écran, sur la longueur, nous faire pénétrer dans un antre. Mais la comparaison s'arrête là : même s'il se soucie assez peu des rythmes, Wiseman sait exactement la durée accorder à tel plan, sait exactement cadrer et faire confiance aux plans longs ; Simon, elle, semble dépassée par son film, courant après les événements qu'elle a à filmer, et échoue à rendre l'âme du lieu, cette avidité incroyable de ces centaines de jeunes gens à y entrer, et la difficulté à choisir.   (Gols - 24/02/18)

Commentaires
O
Gars, en lisant ta chronique, m'est revenu en tête un épisode peu glorieux de ma seule mais honorable incursion dans le monde du cinoche : je fus, eh oui, assistant-régisseur pour Laetitia Masson... enchaînant bourde sur bourde lors du tournage, avatar de Pierre Richard, la dir' de prod m'a viré alors même que je leur amenais des croissants pour me faire pardonner... un truc que je te raconterai entre 4 yeux et deux bières, un de ces quatre...
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