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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
20 février 2018

La Tragédie de la Mine (Kameradschaft) (1931) de Georg Wilhelm Pabst

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Voilà un bien joli petit hymne à l'amitié franco-allemande tourné en des heures super apaisées... Humour, bien sûr, puisque l'on est 13 ans après la fin des dernières hostilités et 8 ans avant le début des prochaines. Mais Pabst ne mange pas de ce pain-là et se voudrait résolument optimiste (sans être dupe – on reviendra sur la conclusion du film). Il prend comme point de départ l'explosion d’une mine française située à quelques encablures de la frontière allemande. Les rapports entre les deux contrées sont un poil tendus (la France ferme ses frontières aux chômeurs allemands, on avait déjà cette belle tendance à l'ouverture et au partage) et chacun s'observe du coin de l'œil derrière son tas de charbon. Les mineurs français, travailleurs forcenés qui vont au taff avec le même plaisir que votre serviteur (non, ce n'est point ironique), bossent dans des conditions un rien rudimentaires... mais ma bonne dame, c'était une autre époque : on avait alors le goût du travail et les patrons avaient la décence de limiter leur salaire (j'ai dit peut-être une connerie mais fi). Et puis c'est le drame, une fuite de gaz, l'incendie, les tunnels de bric et de broc qui s'écroulent, les mineurs qui tombent comme la neige au Canada ou se retrouvent pris comme des rats dans leur souricière... Panique en ville, les secours s'apprêtent à intervenir et les Boches de monter une expédition sur le pouce pour venir prêter main forte à leurs frères humains mineurs ; on en pleurerait tellement cet élan de solidarité aveugle est beau...

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Il y a ces regards autant effrayés qu'émerveillés du tout-venant français de voir le Boche venir à leur aide (nous surprendront tout le temps nos cousins germaniques), il y a cette poignée de main fraternelle entre deux mineurs qui hier étaient en guerre, il y a cette terrible confusion d'un mineur français qui saute sur son sauveur allemand équipé d'un masque à gaz (il y a treize ans, ils s'étranglaient dans les tranchées), il y a cette magnifique pugnacité d'un trio allemand qui franchit la frontière sous-terraine entre les deux pays (même le charbon doit choisir sa nationalité), sauve deux âmes et se retrouve coincé à son tour... l'espoir de revoir un jour le ciel européen est mince, tout cela pour avoir voulu sauver "l'ennemi" - on finit d'essuyer nos larmes... De grands moments tout pleins d'émotion dans une réalisation assez spectaculaire (les éboulements et les incendies ont de la gueule - noire), une œuvre, il faut bien le dire, qui bénéficie d'une restauration admirable (et ce n'est point la nouvelle version Criterion que j’ai vue – j’ose à peine imaginer). On est comme asphyxié dans ces boyaux remplis d'eau et où le plafond baisse à vue d'œil ; l'on donne du coup forcément peu de chance à ces pauvres gens coincés soixante pieds sous terre. En haut c'est l'effroi, l'attente affreuse succédant à l'agitation de toute une ville vivant pour sa mine. On croit à l'exploit, on croise les doigts devant les avancées allemandes et on loue Pabst de vouloir nous faire croire à cette collaboration qui ne serait qu'une première pierre posée pour l'avenir. Il nous bat un peu froid lorsque la grille séparant les deux frontières est à nouveau posée par les autorités respectives en toute fin de film (tout cela pour ça, diable) mais on continue d'espérer qu'entre les hommes, les vrais, pas ceux qui nous gouvernent stupidement, il s'est créé un éternel respect... La seconde guerre mondiale peut encore être évitée si tout le monde voit ce film - non, il n'est jamais trop tard. Bien beau message et une réalisation au cordeau - Germinal est juste quinze niveaux en-dessous.

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