Pionniers à Ingolstatd (Pioniere in Ingolstadt) (1971) de Rainer Werner Fassbinder

En dehors d'un certain plaisir toujours renouvelé de retrouver la chtite Hanna Schygulla, avouons que l'histoire de ces pionniers à Ingolstadt est loin de soulever un enthousiasme délirant... Une histoire simples de soldats construisant un pont (entre hommes et femmes, entre militaires et civils ?... d'où l'idée d'un petit pont de bois qui ne tenait plus guère ?...) et traquant la gorette dans cette ville à l’atmosphère mortelle. On suit la trajectoire de deux jeunes femmes, Hanna as Berta, jeune bonne vierge qui se dit prête à connaître l'amour et Irm Hermann as Alma, genre de Marie couche-toi-là relativement alanguie... Hanna veut s'accrocher à un petit soldat moustachu qui fait tout pour la tenir à distance... L'Hanna, motivée comme un sou neuf, s'accroche tant bien que mal et verra son "grand amour" vite consommé derrière un buisson... Un constat guère reluisant des relations amoureuses, tout comme finalement cette pauvre Alma qui se donne corps sans âme. On suit également les pas d'un fils à papa tout gauche aussi doué en amour que moi en contrebasse ; totalement dominé par son père (la scène presque marrante où il se prend des baffes dès qu'il l'ouvre lors d'une discussion à table avec le pater), notre jeune homme pataud aura bien du mal à se faire déniaiser ; il en aura moins à passer pour un punching-ball lors d'une rixe d'un soir avec des couillons de soldats avinés (des soldats, quoi, qui doivent bien s'occuper en temps de paix) ; le rythme est lent, la mise en scène a minima (beau panoramique tout de même sur ce bar à putes où les soldats baisouillent dans les coin : grand sentiment de dépression au-dessus du bar comme une mise à mort de l'amour) et le film se referme sans bruit ni fureur comme une triste parenthèse. Fassbinder prend ses marques dans ce film pas inintéressant dans le fond (où s'est enfui l’amour, bordel ?) mais un peu mou du genou dans la forme. Ça donne en tout cas pas envie de passer ses vacances dans cette bourgade...

Face à Fassbinder