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Shangols
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25 mai 2019

Seule sur la Plage la nuit (Bamui haebyun-eoseo honja) (2017) de Hong Sang-soo

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En route pour le grand rattrapage des films de Hong tournés ces derniers mois (opus 2 sur 4) : que dire donc de ce Seule sur la Plage la nuit qui, sur le papier, s'annonce comme un des films les plus personnels du cinéaste coréen (sa liaison avec la ravissante Kim Min-hee, actrice de Mademoiselle et héroïne de ce film pour ne pas dire "ces" films, celui-ci se composant de deux parties bien distinctes). Première partie, donc, qui nous amène à Hambourg sur les traces d'une certaine Young-hee des plus mélancoliques : suite à son "affaire" avec un cinéaste marié (qu'elle attend... ou pas), elle fait le point avec l'une de ces anciennes amies sur son existence, ses envies, ses doutes. Des discussions plus ou moins oiseuses (on ne voudrait pas être dur avec l'ami Sang-soo, mais avouons que la chose n’est pas vraiment fun pour ne pas dire assez terne) sur le sens de l'amuuur, sur la séparation et sur la life quoi... L'épisode se termine un peu en queue de poisson (comme un amour avorté ?) avec une Young-hee échouée sur la plage et portée à bout de bras par un mystérieux quidam... Noir, nouveau générique, et réapparition de Young-hee les yeux humides dans une salle de cinéma (était-ce un épisode du passé, vient-elle d'assister au film de son propre amour, est-ce la projection d’une envie de couper les ponts ?... autant d'énigmes, qui le resteront...). Deuxième partie, so, avec notre héroïne de retour en bord de mer coréen qui croisent quelques-unes de ses connaissances. Qui dit bord de mer, again, dit vague à l'âme et notre jeune âme en peine de ne pas sembler plus jouasse que dans la première partie... Deux épisodes (des plans-séquences hongiens) un peu plus follichons viendront éclairer ce second pan de l'histoire : un dîner arrosé entre amis où la chtite se lâche et se montre limite hautaine (elle se considère comme la seule capable de vraiment aimer... devant des hommes peu dégourdis, elle finit par embrasser l’une de ses amies pleine d'empathie envers elle) et un face-à-face avec le cinéaste dont elle fut l'amante (un épisode rêvé, fantasmé ? forcément puisqu'il s'agit d'un film de Hong où souvent l'essentiel se déroule dans l'esprit des personnages) : chacun se livre "coeur et âme" (les explosions soudaines et hallucinantes d'une Young-hee qui se reproche de casser tout ce qu'elle touche, la complainte littéraire d'un cinéaste qui tente de mettre des mots sur ses bleus sentimentaux) en tentant devant des assistants médusés de faire le bilan de leur liaison...

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Avouons que l'on ne frémit que peu devant les dérives de cette héroïne un peu froide et ces scènes dialoguées qui manquent souvent de punch (à l'exception des deux "éclairs" de la seconde partie). Hong, avec une caméra définitivement amoureuse de cette héroïne au coeur errant, semble vouloir ici, avec une grande pudeur, mettre en lumière les tourments de cette femme un brin dépressive (elle a cessé de tourner et hésite entre partir s'installer en Europe pour recommencer à zéro ou tenter une nouvelle aventure dans cette cité balnéaire avec son amie coréenne aux petits soins pour elle). On sent à la fois le film "profond" (les éternelles hésitations du coeur, ces phases creuses où l'on est séparé de celui qu'on aime (ou qu'on a aimé)), une certaine recherche de l’épure (une longue intro et un rêve, qui peuvent cela dit tous les deux s'inscrire parfaitement dans la continuité de l'histoire) mais aussi parfois (sans être dur) un certaine lourdeur (des passages un peu longuet, un manque évident de légèreté dans ces discussions qui tournent un peu en rond) qui plombe l'ambiance générale du film. Une œuvre à n'en point douter très maitrisée et personnelle (pour ne pas dire mature) du gars Hong qui perd malgré tout un tantinet en énergie et en drôlerie (petit manque de distance par rapport au sujet ? - fort possible vu la capacité de notre homme à enchaîner les tournages en shootant plus vite que son ombre).   (Shang - 19/09/17)

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Pas facile de filmer l'absence, c'est la leçon de ce film pas simple et assez lourdaud, oui, de Hong, dont tour à tour on aime beaucoup et on déteste le cinéma. Ce film-là manque sévèrement de rythme, ou plutôt cultive un goût pour l'arythmie qui lui est bien un peu dommageable à force. Il s'agit, pari risqué mais pertinent, de filmer l'entre-deux, la période d'attente, de latence, d'absence, où le personnage principal vit dans l'espoir du retour de son amant. Hong décide de filmer tous les à-côtés, délaissant volontairement le noeud de son intrigue. Chaque fois que "l'action" risque de s'emballer un peu trop, il désamorce par une pirouette de scénario : dans la première partie, c'est ce mystérieux enlèvement de la comédienne en pleine plage ; dans la deuxième, ce même personnage qui lave des vitres sans que personne ne semble l'apercevoir, ou ces façons de jouer avec l'ambiguité (rêve ou réalité ? tournage de film ou réalité ?) dès que le film devient trop signifiant.

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En tout cas, voilà un défilé de scènes pour la plupart vidées de toute émotion, de tout événement. On apprécie ou pas cette ascèse totale au niveau du scénario, ces discussions infinies sur des détails (Rohmer en point de mire, aucun doute là-dessus), cette façon de cultiver l'énigme. Que raconte le film ? Où mène-t-il ? A cette discussion finale, avinée et un peu pathétique, avec le vieux cinéaste ? A cette bière bue sur la plage en compagnie de l'équipe de tournage ? Ou simplement à ces longs plans de solitude sur la plage ? En tout cas, si on reste un peu pantois devant ces longues séquences dénervées, il nous reste à admirer la mise en scène, elle aussi janséniste, de Hong, qui n'a jamais été aussi mathématique dans la construction de ses plans. Des lignes de fuite placées exactement au centre de l'écran, un parallélisme qui confine à l'autisme dans le placement des acteurs, une horizontalité des cadres qui ne se dément jamais, une rigueur incroyable dans le cadrage. Voilà qui étouffe un peu plus le film, même si on demeure épaté par l'absence de concessions formelles du bon maître. Bref, entre admiration et ennui, voilà dans quel état vous me trouvez à cette heure.   (Gols - 25/05/19)

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