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Shangols
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16 septembre 2017

Yourself and yours (Dangsinjasingwa dangsinui geot) (2017) de Hong Sang-soo

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Qu'il est bon de retrouver le gars Hong au top de sa forme (alors même qu'il a réalisé trois films depuis... J'en ai un sous le coude, il faudra que je patiente encore un peu pour les deux autres... en espérant qu'il n'en tourne pas huit entre-temps, le Lucky Luke coréen). Il s'agit ici d'une très simple histoire d'amour ou plutôt du "joli" récit d'une séparation : Minjung et Youngsoo s'aiment, sont même sur le point de se marier, mais vont être victimes de certaines "rumeurs" ; Youngsoo apprend ainsi par l'un de ses potes que sa gorette aime à sortir aimeu-t-à boire avec d'autres personnes. Youngsoo, sur l'oreiller, fait part de ses doutes à la chtite Minjung au sourire si doux qui prend immédiatement la mouche... Le mieux serait encore que l'on ne se voit plus pour un temps - ce qui semble, dit l’homme d’expérience, sonner le glas de leur relation... Lui, les bras lui en tombent et il se pète même une jambe dans la foulée (symbole) ; elle est l'amour de sa vie et sans amour la vie vaut-elle d'être vécue bordel, éructe-t-il après quelques litres d'alcool local. Dès lors, on n'aura de cesse de suivre nos deux personnages : lui s'imaginant la croiser partout (il se fait son film, normal), elle s'inventant une autre vie (Bonjour, je te connais ? Ah non... tu dois me confondre avec ma soeur jumelle mais c’est pas grave, flirtons à nouveau un brin avant que je m’en lasse) pour mieux créer une distance avec les hommes qui s'accrochent irrémédiablement à elle...

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C'est du pur Hong Sang-soo, vu et revu (les bars, les discutes entre potes, les flirts, les filles éméchées entre deux eaux, les mecs éméchées entre deux délires...) mais avec toujours une subtile variation dans le jeu des apparences ; les plus belles scènes sont d’ailleurs sans doute celles où Youngsoo se persuade qu'il recroise le chemin de Minjung ; avec le gars Hong à la barre, on ne sait jamais si c'est du lard ou du cochon - là c'est réel, ah non gasp !... là c'est un rêve, il ne m'y reprendra pas le bougre, ah ben non finalement…  - et cela amène forcément un peu d'épices et d'émotion dans la vie si morne de notre peintre à l'agonie... A défaut d'autre chose, autant tenter de projeter ses fantasmes quitte à rouvrir les yeux quelques secondes plus tard en serrant contre soi la dure réalité du vide. Les scènes où la chtite Minjung "joue la comédie" (fabuleuse Lee Yoo-Young gracile et naïve en apparence mais tranchante inside) valent cela dit tout autant le détour : elle attire les hommes comme une fleur les abeilles et referme ses petits pétales sur eux jusqu'à les rendre gaga. Avant de les jeter gentiment avec le sourire. Elle finira malgré tout par se faire prendre à son propre jeu (l'arroseur arrosé en quelque sorte) lors d'une rencontre entre deux de ses conquêtes (ceux-ci au départ ne s'étaient pas reconnus mais dès qu'ils lèvent le voile sur leur identité, ils mettent de côté la pauvre Minjung devenue pour le coup simple ombre d'elle-même). On apprécie au passage le charme tenu de cette actrice qui sait diablement jouer de ses petites mimiques effarouchées. Alors même qu'on ne donne plus cher de ce couple original, nos deux compères vont finir par se recroiser dans une sombre petite ruelle (est-ce un rêve ? et si la jeune femme était la vraie soeur jumelle de Minjung ?) : le doute est permanent quant à la réalité de la chose tout comme finalement la réalité de leur amour... Cette love story entre un homme qui fantasme et une jeune femme un brin fantasque est si fragile qu'il faut semble-t-il totalement la réinventer pour qu'elle ait une chance de perdurer. Très belle réussite (l'énième) de Hong qui sait toujours nous manipuler avec de subtils artifices de montage.

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