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9 octobre 2016

LIVRE : Le vieux Saltimbanque (The ancient Minstrel) de Jim Harrison - 2016

9782081313101,0-3390380Mais ouais, mais c'est ça, la littérature, putain ! On a beau tourner autour de tous les sujets du monde, se prendre la tête, affiner son style et parler intelligemment à la télé, on en revient toujours là. Et Jim Harrison a fini de se prendre la tête : pour son dernier tour de piste, il nous offre le plus libre et le plus décomplexé des livres, écrit plus que jamais au fil de la plume, et vous tricote un petit récit de 150 pages qui feraient pâlir d'envie tous les goncourables du monde. Il prévient au début : il avait écrit En marge pensant qu'il allait mourir, mais comme il a encore vécu 15 ans, il se doit de rajouter une suite à son bouquin. Le voilà donc en roue libre, à parler (à la troisième personne) de ses pêches, de ses appartements, de sa femme, de ses problèmes sexuels, et de ses ruses pour y remédier. C'est vraiment écrit à la va-comme-je-te-pousse, sans aucun souci de cohésion, sans aucune ambition de faire une oeuvre, sans plus rien du tout à prouver. Il y a à boire, à manger, et à jeter dans cette autobiographie sans façon que nous pond un Harrison apaisé et roublard, rabelaisien et poète. On aime particulièrement ces pages très belles sur son fameux Montana, sur ses souvenirs d'enfance, sur son rapport à l'argent, ; on aime moins quand il digresse plus priapiquement que jamais sur la petite étudiante qu'il aurait coincée s'il n'était pas impuissant... Quand son éditrice a obtenu son petit livre, le gars s'arrête, pratiquement au milieu d'une phrase, plie bagage et vous salue bien bas. Pas à dire, le gars aura été vivant et bougon jusqu'au bout, et que ce soit dans ses grands livres ou dans ses petits (comme celui-ci l'est sûrement, ne nous leurrons pas, on est très loin de En marge), il aura clamé un amour de la vie jusqu'au dernier instant... en même temps qu'il aura fait un petit fuck à la littérature. Jim, ta réincarnation aura lieu en grizzly ! (Gols 13/09/16)


51TRIYf4EELAh c'est clair, on sent bien que le Jim ne s'est pas vraiment amusé à faire un plan et qu'il a décidé, dans la dernière ligne droite, de ne pas se prendre le chou. On passe, au fil de cette courte bio, de son amour des cochons à sa croyance en dieu, puis on repasse par les cochons, on évoque un peu la littérature, le goût de la pêche, ah puis tiens, un petit paragraphe sur Marjorie, son petit cochon devenu grand... Jim a bien décidé de se foutre de la légende et s'adresse aux lecteurs à la bonne franquette : ouais il ne bande plus depuis qu'il a soixante-dix ans, il ne vit plus vraiment avec sa femme, il picole des mignonnettes d'alcool en cachette, il écrit mais jamais sous l'influence de la bibine ; on sent bien qu'il a envie de nous confier deux trois trucs perso mais qu'il fera tout pour ne pas évoquer même au détour d'une ligne sa façon de concevoir la littérature ; il cite les maîtres (Faulkner, Dostoïevski), parle rapidement de la difficulté d'accoucher d'un poème, avoue les sommes d'argent extravagantes (et vite dilapidées) gagnées grâce à ses petites collaboration avec Hollywood, bref il énonce quelques évidences pour ne jamais avoir à se frotter au plus sérieux : sa relation à l'écriture, ses sources, ses muses... Jim Harrison écrit joyeusement en attendant la mort, parle éventuellement de celle de ses chiens ou d'un petit goret, mais il semble tout faire pour éviter d'être cérémonieux, de jouer les vieux sages à l'heure des bilans. Un dernier livre de saltimbanque qui se donne en spectacle avec légéreté une dernière fois. Adieu vieux compagnon de route (je me rappelle de l'émoi Sorcier dans mes jeunes années... avant de découvrir tous les autres), on continuera de glisser l'un de tes romans à chaque connaissance en proie aux doutes.   (Shang - 09/10/16)

Commentaires
R
Ah vous me faites plaisir la! Ce livre a eu tres peu d'echo lors de la rentree litteraire. Quel plaisir de lecture. C'est un peu je-m'en-foutiste, mais ca reste du Jim Harrison pur jus, et ca donne envie de partir dans un refuge en pleine montagne et de relire tous ses bouquins.
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