Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
30 mars 2016

SERIE : The Knick saison 1 de Steven Soderbergh - 2014

the-knick-teaser

Depuis que Soderbergh s'est retiré du cinéma, il n'a jamais été aussi bon. Après le joli téléfilm Behind the Candelabra, il revient avec une de ses meilleures réalisations, une série historique pourtant parfaitement contemporaine, en tout cas passionnante et magnifiquement torchée. La chose suit les aventures d'un groupe de professionnels de la santé dans un hôpital révolutionnaire du début du XXème siècle : avant les rayons X, avant l'anesthésie, avant la morphine, avant tout ce qui fait le quotidien des hôpitaux modernes, comment se débrouillait-on pour sauver nos contemporains ? C'est ce qu'on va observer pendant 10x52 mn, dans une sorte de documentaire fictionné gore et habité, fiévreux et politique, esthétique et grouillant de personnages fascinants. Le principal, c'est John Thackery (Clive Owen, grand), petit génie cocaïné jusqu'aux yeux, avide de recherche et d'inventions, mais dépassé par son addiction, sa vision libérale des soins et ses ambitions ; face à lui, Algernon Edwards (Andre Holland, grand), tout aussi génial mais souffrant d'une tare : il est noir, ce qui en ces temps, empêchait d'accéder à quelque poste que ce soit. En parallèle de leurs combats/admiration, on suit le quotidien de cet hôpital de pointe, où chaque jour amène sa nouvelle invention, petite pompe à sang, écarteur de plaie, radiographie, etc. Un directeur mouillé jusqu'aux coudes dans la mafia, un ambulancier trafiquant de cadavres, une bonne soeur avorteuse, une infirmière trop amoureuse, quelques financiers peu regardants sur l'éthique, des hôpitaux concurrents, ça grouille de trames secondaires, toutes passionnantes.

the-knick-the-busy-flea-clive-owen

Ce qui est agréable dans cette série, c'est que tous les épisodes sont réalisés par un seul cinéaste ; le "cahier des charges" est ainsi respecté de bout en bout, donnant à l'ensemble une homogénéité qui l'apparente à un seul long film découpé en épisodes. Et comme il s'agit d'un cinéaste talentueux, on est ravi : The Knick est très stylé, très élégant, très classe. Musique contemporaine anachronique mais qui donne une patine délicieusement sophistiquée à la chose, reconstitution historique à gros moyens et parfaitement crédible, mise en scène complexe à base de caméra chaloupée et de longs plans chorégraphiés, direction d'acteurs au millimètre, on est ravi devant la beauté de ces images et de cette mise en scène. Tout baigne dans une atmosphère ouatée malgré la violence de ce qui est raconté (c'est très amer, très brutal, et les scènes d'opération, filmées frontalement, semblent épouser les turpitudes morales et sociales de ce monde new-yorkais des annnées 10), dans une lumière froide, bleue pâle, blanche, opposée aux couleurs chaleureuses des intérieurs bourgeois ou des bordels huppés. On reconnaît les images bleues et or du Soderbergh de Ocean 11, et le passage au petit écran ne lui a rien fait perdre de son éclat. Côté scénario, on est là aussi comblé, s'attachant à tous les personnages, même les plus secondaires, épatés par les inventions torves de la trame (la syphilitique contrainte de se faire greffer un nez avec une peau prélevée sur son bras) et par la puissance du contexte politique et social (émancipation des noirs, libération de la femme, émancipation sexuelle, naissance des drogues, traitement des malades issus des basses couches sociales, etc.). Au travers de l'allégorie de cet hôpital-monde, c'est toute une société qui est décrite et fustigée, avec à sa tête ce docteur génial à moitié dément, ivre de coke et de putes : une vision pas vraiment enchanteresse du monde, mais une série absolument impeccable.

the-knick-season-2-andre-holland-michael-angarano-01

Commentaires
T
Révélateur de la cohérence de la mise en scène: la bande-son, contemporaine en effet, ne distrait pas une seconde de ce qui se passe à l'écran, tant elle colle aux images... alors que d'autres réalisateurs l'ont déjà tenté, de mettre des sonorités modernes sur des histoires "en costumes", et que bien souvent, ça fait mal aux oreilles.<br /> <br /> Une série que je viens tout juste de voir et que je m'apprête à revoir en entier sans aucune inquiétude quant à une éventuelle saturation!
Répondre
H
Yes, qu'est-ce que c'est trop bien ! <br /> <br /> "Classe, stylé, élégant, complexe", , "Clive Owen, grand" ... Je confirme et abonde.<br /> <br /> Tout ça, oui. Et plus encore. <br /> <br /> C'est mieux qu'impeccable. C'est de la très très haute volée.
Répondre
Derniers commentaires