LIVRE : L'Intérêt de l'Enfant (The Children Act) de Ian McEwan - 2015

L'intérêt de l'enfant donc... McEwan, avec un sens toujours aussi judicieux de la précision dans ses descriptions (qu'il s'agisse de décrire le travail d'un juge, de détailler les tenants et les aboutissants d'une affaire ou tout simplement un paysage), nous fait suivre les pas d'une juge qui, outre des affaires de divorce, se voit proposer des cas retors où il est question, justement, d'enfants... Du bien-fondé d’une opération chirurgicale pour séparer deux siamois (sacrifier l'un pour assurer la vie de l'autre) au besoin de transfuser un ado atteint de leucémie (et dont les parents sont adeptes des Témoins de Jéhovah : une secte qui refuse les transfusions, ma bonne dame), en passant par un cas de divorce complexe dans la communauté juive Hassidique, notre juge va devoir trancher en favorisant avant tout... l'intérêt de. Des problèmes complexes où il faut savoir parfois faire fi de la volonté même des parents. Parallèlement à ces affaires, notre juge qui flirte avec la soixantaine se retrouve elle-même en situation de crise au sein de son couple. Son mari, regrettant amèrement son petit côté bonnet de nuit et son manque de pulsions sexuelles, lui fait part de son envie d'aller voir ailleurs (Ah les hommes, toujours le mot pour rire). Notre juge se crispe mais continue bon an mal an de faire son taff au mieux. Sa rencontre avec le jeune ado atteint de leucémie va provoquer en elle une réaction relativement inattendue... pas forcément facile à assumer à cent-pour-cent et à analyser comme il se doit chez cette femme en mal d'amour et d'enfant...

On pourrait rester au niveau du pur anecdotique si McEwan n'avait pas cette capacité à nous relater avec autant de véracité, de nuances, les états d'âmes de notre héroïne ainsi que ses cas de conscience face à ces affaires complexes. Une tempête sentimentalo-affective faire rage en son crâne si habile pourtant à démêler avec art les problèmes des autres. L'histoire d'une anglaise pas forcément dans son assiette qui va devoir retrouver progressivement le goût de la vie sans œillère ni retenue… Pas toujours facile de juger ses propres réactions et de reconnaître ses propres fautes, ses propres manques. Une œuvre qui mérite que l'on rende justice au talent d'artisan consciencieux du gars McEwan. Solide petite chose.   

Comments

[Alfio]

Je remarque qu'en matière de livres à l'inverse du cinéma vous ne critiquez le plus souvent que des ouvrages nouvellement sortis, ou tout au moins récents. Jamais envie de nous livrer vos impressions sur des œuvres éternelles, si vous en relisez ?