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17 avril 2015

LIVRE : En Amazonie de Jean-Baptiste Malet - 2013

9782818504437,0-2557264Immersion en infiltré en Amazonie, soit dans un entrepôt d'Amazon, firme responsable d'une partie du chiffre d'affaires désastreux du libraire qui vous parle. Jean-Baptiste Malet veut percer le mystère Amazon, savoir ce qui se cache derrière ces immenses hangars archi-surveillés remplis de produits culturels (et autres), et se fait donc engager comme intérimaire de nuit dans un de ces antres du capitalisme sauvage. Rythmes infernaux, conditions de travail déplorables, épuisement physique, surveillance constante, précarité, il va tout nous rapporter du quotidien des travailleurs d'Amazon, et en ramener un reportage édifiant qui enfonce bien le clou de ces nouvelles économies, menées par des jeunes loups aux dents acérées et à l'éthique légère. En un symbole (Amazon), Malet arrive à parler des ravages de la concurrence sauvage, du libéralisme sans frein et du profit à tout prix, le tout en restant enfermé dans les quatre murs désolants de l'entrepot, entre ces infinies rangées de CD, de livres, de jouets, de slips (!), d'aspirateurs qui s'étendent à perte de vue.

Il est vrai que, pris par ce travail éreintant, le gars n'a pas le temps d'en ramener beaucoup d'infos concrètes. Son expérience d'infiltration n'aboutit qu'au constat d'une grande fatigue partagée par tous les employés de l'usine, point. On a quand même droit au discours angélique et hyper-calibré des dirigeants de l'entrepot, effrayantes formules ayant balancé aux orties tout respect humain, et Malet parvient bien à mettre des mots sur l'espèce de mépris larvé, masqué sous des airs de communauté soudée, qu'ont ces jeunes loups pour les employés de la firme. Mais le livre est surtout l'occasion de rassembler plein de données sur Amazon, qui montrent la vision de Jeff Bezos, son créateur, sur la fiscalité (éclat de rire), les conditions de travail de ses employés (roulage par terre), la littérature (tapage sur les cuisses), ou l'argent (prosternations serviles). Chaque nouvelle info glace les sangs, chaque chiffre donne le vertige, chaque complicité ministérielle hérisse le poil, et on ressort de la lecture de ce document avec l'envie de foutre le feu à ces antres du commerce mondialisé. Ca m'arrangerait, je dois dire.

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