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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
5 octobre 2013

SERIE : Breaking Bad saison 5 - 2012

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C'est reparti sur les chapeaux de roue, les enfants, alors qu'on croyait les aventures de Walter White finissantes après les évènements radicaux de la saison précédente. Que nenni, le bougre est plus en forme que jamais, et cette (ultime) saison tient plus que ses promesses. Elle prolonge même assez nettement tout ce qu'on pouvait attendre d'elle, au niveau rebondissments, personnages et mise en scène. Pour son "héros" surtout, cette nouvelle fournée est particulièrement géniale : White est devenu une sorte d'Ange du Mal, à l'ambition démesurée, dont les motivations pour le gangstérisme de haut niveau sont depuis longtemps oubliées, qui n'agit plus que par besoin d'aller toujours plus loin dans la montée en puissance de sa réputation, de sa dangerosité et de son compte en banque. On l'avait laissé maître du terrain ; le voilà en vrai dictateur libéré de toute contrainte et de toute peur, gérant son empire en mafieux sans pitié. Les cadavres s'accumulent sur son chemin sans qu'il hausse un sourcil (son sifflotement sinistre quand il doit buter un pauvre gosse témoin de ses actes), et ses amis de jadis (Jesse surtout) sont traités comme des marionnettes par lui. C'est la grande force de la série, finalement : nous avoir fait éprouver de l'empathie, puis de l'admiration, puis de la méfiance, puis de la haine pour son personnage principal. Cranston joue de mieux en mieux l'abjection, son évolution au cours de ces 5 saisons force le respect.

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Si la série respecte les codes esthétiques posés dès la saison 1 (nervosité des cadres, caméra à l'épaule même dans les scènes tranquilles, musique absolument class, peu de personnages, beaucoup de décrochages purement spectaculaires au sein de la trame), cette saison est une des mieux réalisées : les épisodes mis en scène par Michelle MacLaren, surtout, sont impressionnants (superbe tuerie scorsesienne dans les prisons lors de l'épisode 8). Il y a aussi un épisode centré sur une attaque de train qui est vraiment remarquable dans le rythme et le suspense. On retrouve pas mal de l'humour des origines, qui s'était perdu au fur et à mesure des années, et c'est pas dommage, mais c'est un humour très noir, presque triste, comme si les motifs éternels (le camping-car qui sert de labo, le désert, les éternels cadavres fondus à l'acide) tournaient en rond de façon infernale pour se vider de sens. Les personnages qui amenaient de la dérision (le flic beauf et sa femme, l'épouse de White, l'avocat verreux) sont devenus des monstres sinistres, sans jamais perdre en "logique" de caractère ou de psychologie. On peut juste trouver que les histoires de couple de Walter sont moins passionnantes (d'ailleurs sa femme est un peu mise à l'écart, accaparée par sa dépression), qu'il y a quelques scènes un peu répétitives de disputes conjugales ; pour tout le reste, on applaudit bien fort devant ces surprises à répétition, cette écriture impeccable, ce sens de la narration et du spectacle, en frissonant de peur et en se pissant dessus dans l'attente de la fin de cette saison, annoncée pour dans un an, argh. (à suivre)

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(un an plus tard :) Eh ben voilà : suite et fin de cette série qui restera sûrement comme une des meilleures du monde, ça fait quelque chose de savoir qu'on ne reverra jamais la bande de personnages impeccables qui peuplaient notre quotidien depuis 5 saisons. On a pu le lire un peu partout, et c'est vrai : ce final est parfait, cloturant sa trame de façon exemplaire. Contrairement à la plupart des séries, qui, arrivées à leur fin, sont dépassés par la somme de questions qu'elles ont lancées et qui ne parviennent à conclure qu'à l'arrache, Breaking Bad prend tout son temps pour boucler chaque sous-intrigue, ne laissant rien dans l'ombre ; si bien qu'on a l'impression que les créateurs savaient dès le départ ce qui allait advenir de leurs personnages. Ce sentiment d'extrême cohésion est ce qui fait la grande qualité de cette ultime saison : on se dirige vers le dénouement avec la sensation d'un destin en train de se dérouler. Violents, glaçants, les derniers épisodes ferment toutes les portes entrouvertes, s'occupant tour à tour de chaque personnage pour l'amener jusqu'au bout de son destin.

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Si le début de cette dernière fournée peut sembler parfois erratique (la réalisation hétérogène y est pour beaucoup, les épisodes réalisés par Cranston lui-même ou par Michael Slovis sont même assez laids), on retrouve peu à peu le ton qu'on aime depuis toujours dans Breaking Bad : cet humour glacial, dû finalement à un personnage complètement pathétique (Walter White) aux prises avec des évènements qui le dépassent, ce mélange de violence et de grand calme, ces personnages forts, la tragédie qui s'insinue peu à peu dans les évènements (la famille qui se déchire façon Orestie, magnifique). Les personnages les plus clownesques (l'avocat) ont tous leur part d'ombre ; les plus dangereux (le sinistre Todd) ont leur part de ridicule. On est du coup sans cesse trimballé d'une émotion à une autre. Mais les trois ou quatre derniers épisodes laissent pratiquement tomber toute légèreté pour se concentrer sur les seuls rapports sentimentaux : ceux, de plus en plus problématiques, de White avec sa famille ; et surtout ceux de White avec Jesse Pinkman, ce dernier étant peut-être finalement LE héros de la série (son dernier plan, sublime). White est de son côté devenu le vrai grand truand qu'il était en creux, légendaire et presque magicien (sa façon de déjouer toute recherche sur la fin, d'apparaître mystérieusement dans les lieux), et ses motivations s'éclaircissent vraiment. Sur cinq saisons, le glissement de son personnage de petit prof de chimie à bandit dangereux a été spectaculaire, et même si cette saison montre encore ses faiblesses, on tremble devant l'abandon progressif de tous ses scrupules.

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On termine la chose exsangue, désolés de devoir quitter des personnages aussi fins, aussi ambigus, aussi complexes, désolés de ne plus pouvoir écouter cette musique inspirée, désolés de ne plus assister à cette savante construction (le montage en flashs-back ou flashs-forward des entames d'épisodes, un vrai spectacle), désolés de ne plus avoir droit à notre dose de suspense hebdomadaire. Malgré les hauts et les bas, excusables sur autant d'épisodes, on se dit que Breaking Bad nous a apportés des moments inoubliables (la fin de la saison 4 !) et on songe à se mettre au "blue meth" pour oublier ce deuil. (Gols - 04/10/13)

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Je rebondis sur le ventre tendu de mon collègue : que cette ultime saison fut à la fois infernale (la plongée progressive d'un White dont les valeurs se dissolvent dans les ténèbres) et géniale (les règlements de compte tant attendus avec son beauf, avec sa petite famille et avec Jesse : un moment, il faut faire face à ses responsabilités et l'homme qui tirait jusque-là magistralement tous les fils se les prend dans la tronche comme s'il s'agissait d'élastiques - le White morfle mais le White est pugnace) et qu'il est dommage qu'elle soit partie définitivement en fumée. J'ai franchement adoré pour ma part l'instant où White et sa femme se retrouvent face à cet immense paquet de pognon qui emplit tout un garage. Bon, suffit, je crois qu'un jour il faut savoir arrêter... Seulement dès lors où le White (véritable Sisyphe de la démerde, toujours prêt, à partir de rien, à créer de la thune... avant de la perdre) n'est plus sur le fil du rasoir, tout ce qui existe autour de lui va se déliter. Une seconde d'inattention et son con de beauf va se mettre sur sa piste ; une collaboration qui cesse de son propre chef et le pauvre Jesse de perdre tous ses repères ; une volonté de vivre enfin pépère et ses proches de réaliser à quel point il a pu les mettre par le passé en danger ... S'est-il "sacrifié" uniquement pour le bien de sa famille ? Le problème de notre ami White c'est qu'au fil des aventures son petit ego de prof a diablement gonflé. Notre homme se pense indestructible, aussi insaisissable que la fumée d'un pétard - comme s'il était finalement parvenu au même degré d'excellence que la drogue qu'il produit. Et c'est là que tout déraille, c'est là que son ego finit par le bouffer - comme son cancer... Il lui faudra un ultime instant de lucidité face à une Skyler défaite, détruite, pour enfin faire son mea culpa et avouer qu'il a toujours fait passer lui-même avant les siens. Il pourrait repartir à zéro, faire table rase du passé mais un sursaut de fierté le pousse à devoir enfin assumer ses fautes. Exhumer Hank, libérer Skyler en disparaissant "pour de bon" et sauver Jesse des abysses - des abysses dans lesquelles White l'a mené. Au moins sauver l'honneur après avoir trinqué avec le diable : ses derniers associés néo-nazis qui seront d'ailleurs les dernières victimes de son ingéniosité. Le métier de prof mène définitivement à tout, le corps enseignant peut respirer... Encore faut-il avoir le White spirit : être vraiment prêt à tout pour être le meilleur dans son domaine - celui de la drogue et inexorablement, collatéralement, de l'assassinat sournois... You want to break bad ?, comme chantait à peu près l'autre... Superbe fiction et Cranston mérite son monument. I miss White already so much... (Shang - 05/10/13)

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