Le Cygne noir (The black Swan) (1942) de Henry King
Si le célèbre drapeau des pirates est en noir et blanc, voici un film en multi technicolor qui étourdit les mirettes. Tyrone Power (dont Johnny Depp a dû méchamment s'inspirer pour tourner ses clowneries gay dans les Caraïbes) est le bad guy qui décide de rentrer quelque peu dans les rangs en se mettant au service du fameux Captain Morgan (eh oui, le même que le rhum de piètre qualité... ce Captain Morgan-là - interprété par le ventripotent et toujours excellent Laird Cregar disparu trop tôt) ; ce dernier est le nouveau big boss de la Jamaïque et vient tout juste d'échapper au gibet - un ex-pirate finalement grâcié par sa Majesté. Sa mission : laminer les pirates alentours. Il devra se méfier de ses anciens poteaux, le tout jeune Anthony Quinn as Wogan et surtout l'incontournable Georges Sanders as Billy Leech, qui vont recevoir l'appui de "nobles locaux" (dont le fourbe Ingram pic et pic et colégram) qui veulent destituer ce parasite de Morgan et reprendre le pouvoir. Cregar envoie donc son fidèle Power pour combattre les pirates, un Power qui n'a pu s'empêcher d'embarquer avec lui la promise d'Ingram, la farouche Maureen O'Hara. Il est brutal, elle le déteste, il la kidnappe, elle le conchie... Un bon vieux début d'histoire d'amour.
Des personnages hauts en couleurs (avec un casting de rêve), des petites maquettes de navire mignonnes comme tout, une photo nuitamment bleutée absolument magnifique, des combats à l'épée dignes des Jeux Olympiques (même si je ne suis jamais fan des accélérés qui sont certes ici "légers"), de l'amour vache (je te crêpe ton chignon sauvageonne si tu bouges, mange cette baffe sale pirate, avale ce bâillon turpide, embrasse-moi et tu vas pisser le sang...) qui va forcément devenir aussi tendre qu'une escalope de veau. Un classique des films de piraterie qui régalerait n'importe quel dimanche après-midi d'un ado pré-XXI ème siècle (sur les nouveaux djeun's qui sont sur le marché, je n'oserais me prononcer...). On pourrait certes trouver que le revirement de la Maureen est un peu soudain et que la fin est un peu "précipitée" (quid d'Ingram ?) mais on ne fera point la fine bouche devant la puissance de feu du Tyrone qui s'agite sur tous les ponts. Johnny t'es décidément qu'un ptit perroquet waltdisneyé en comparaison...