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8 mars 2011

Oki's Movie (Ok-hui-ui yeonghwa) (2011) de Hong Sang-Soo

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Hong Sang-Soo tourne à la vitesse de la / des frères Lumière et livre un nouvel opus sur les marivaudages d'une jeune femme, Oki, avec deux hommes, un apprenti cinéaste, Jingu et son professeur, avec toujours cet art si particulier de mêler fiction et réalité, film dans le film ; cet opus est découpé en quatre parties : la dernière partie est explicitement un film d'Oki (elle monte en parallèle une journée passée dans un parc avec un vieil homme (le même acteur qui joue le prof) et un jeune homme (celui qui incarne l'apprenti cinéaste), chacun étant alors son petit ami); la troisième narre la relation d'Oki avec son prof, et la deuxième la rencontre entre Oki et l'apprenti cinéaste ; dans la première (je remonte peu à peu le fil...), on suit les déboires (picole trop, la bête) de l'apprenti-cinéaste : comme la deuxième partie commence par un générique de fin de film, cela "laisserait à penser" qu'il s'agit d'un film qu'il a lui-même réalisé... C'est une piste probable... Une construction narrative qui pourrait sembler un poil déstabilisante (mais on commence à le connaître, le Hong) alors même que les petites saynètes qu'il nous présente dans chacune des quatre parties sont d'une grande limpidité : Hong Sang-Soo évoque avec simplicité la naissance des sentiments, les doutes existentiels de ses personnages, l'évolution des relations... Comme le dit le prof à ses deux élèves, Oki et Jingu, qui l'interrogent directement sur sa "philosophie" (alternance de questions-responses avec une caméra ping-pong allant des uns à l'autre), lui-même ne sait pas toujours ce qui le motive à faire telle ou telle chose - à chacun donc de trouver sa voie, à se laisser aller, ou non, à ses sentiments.

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On retrouve cette technique particulière de HSS à filmer, principalement, en plan-séquence usant de ci de là de zoom avant pour se "concentrer" sur les protagonistes de la scène. Il y a toujours une grande vivacité dans les dialogues et une véritable drôlerie, notamment dans la première partie, lorsque Jingu, méchamment pompette, tente de parler franchement à son prof ou lorsque Jingu se fait attaquer par une étudiante qui lui pose des questions intimes (elle l'attaque sur des relations qu'il aurait eues avec une jeune fille, l'une de ses amies) juste après la projection de son film... Jingu n'est d'ailleurs guère plus à son avantage lorsqu'il tente tant bien que mal de séduire Oki dans la deuxième partie. Il reste piteusement toute une nuit sur les escaliers situé à proximité de la jeune fille et se verra finalement récompensé, au petit matin, lorsque celle-ci, le découvrant, l'invitera dans son appartement. On sent que cette dernière finit en quelque sorte par récompenser ses efforts, "sa pugnacité", son dévouement à son encontre et on pourrait trouver un écho à cette attitude de Oki dans la dernière partie : lorsque "le vieil homme" lui dit tout de go qu'il l'adore follement, elle lui répond que c'est "pour cela", justement, qu'elle l'aime... Aime-t-elle avant tout parce qu'elle est aimée, that is one of the question...

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Le dernier acte est sans doute le plus convaincant avec cette tentative d'Oki de tenter une réflexion sur ces deux relations amoureuses : même cadre (une petite colline dans un parc), même circonstance (une journée d'hiver) et deux individus aux comportements forcément différents ; au-delà même de la volonté de "comparer", on sent tout le plaisir qu'elle prend à souligner ce que chacun peut avoir de particulier, de plaisant... L'exercice peut sembler parfois un peu futile en soi mais il y a derrière cette jolie petite mécanique narrative et ses effets-miroirs une véritable volonté, une volonté précieuse et précise, de décrire les petits mystères de la vie, de l'amour et des individus que l'on aime. Cela pourrait d'ailleurs constituer une définition du cinéma d'Hong Sang-Soo, un cinéaste dont on prend de plus en plus de plaisir à apprécier les savoureuses subtilités.

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