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11 février 2011

Spéciale Première (The Front Page) (1974) de Billy Wilder

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Indéniablement déçu par ce film de fin de carrière de Wilder : une attaque en règle contre une certaine tendance du journalisme à courir après l'événementiel, prêt à sacrifier toute déontologie pour vendre de la copie - l'hypocrisie des personnes politiques en temps d'élection étant également soigneusement évoquée au passage. Walter Matthau et Jack Lemmon sont à fond, l'humour noir est omniprésent (qu'il s'agisse du sujet de départ (la pendaison d'un homme) ou du traitement d'événements qui ne sont point locaux (100.000 morts dans un tremblement de terre au Nicaragua, on s'en fout)), le politiquement correct n'a point cours (les multiples petites réflexions vachardes sur les prostituées, les homos...: ça brasse sévère...) et les noms d'oiseaux volent (les "son of the bitch" et autres "bastards" sont légions), le rythme est effréné... et pourtant la sauce a terriblement du mal à prendre. Et pourquoi, me demanderez-vous, chafouins ?... Le problème principal, c'est qu'on a plus l'impression d'être dans un vaudeville où tout le monde passe son temps à hurler sa réplique. C'est un peu comme dans une discussion où celui qui parle le plus fort pense avoir raison : ici chaque personnage s'évertue à vociférer son texte (si quelqu'un pouvait faire taire le shérif, franchement...) comme s'il avait le sentiment qu'il sera plus drôle que son voisin ; on assiste à une sorte d'hystérie permanente qui ne tarde point à lasser, malgré les bons mots ou certaines situations "cocasses" (mouais). Au niveau de l'abattement des comédiens (comme ils ont tous de la bouteille, on a toujours peur que l'un fasse une crise cardiaque en direct), c'est clair qu'on a affaire à du lourd (les personnages féminins sont tout de même peu à la fête : Susan Sarandon doit se contenter d'apparition sporadique et cette pauvre prostituée, Mollie, ferait passer Zézette dans Le Père Noël est une Ordure pour une fille de bonne famille), mais le problème c'est justement qu'on finit par tomber dans une certaine lourdeur (c'est vite pesant qui plus est pour les tympans), sans même parler de certains gags (ce pauvre prisonnier enfermé dans le meuble, ça va deux minutes...) - quand on connaît toute la finesse de la plupart des comédies de Wilder, on est presque peiné d'éprouver un tel sentiment vis-à-vis de cette oeuvre.

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Même la bonne idée du quatuor Matthau / Lemmon / Surandon / machine à écrire (Lemmon veut quitter son job pour Surandon alors que Matthau le pousse au max pour qu'il revienne à sa "vraie passion" : sa machine - et bien entendu le journal qu'il dirige) ne fait finalement pas long feu, tout juste exploitée le temps d'une séquence (beaucoup aimé tout de même le "Cigarette me" que Lemmon, en pleine inspiration, lance à son boss, Matthau, qui s'exécute volontiers sous les yeux d'une Sarandon toute penaude). Pour une jolie petite trouvaille (le crochet du camion qui apparaît progressivement en haut d'une fenêtre, au second plan, pour venir déménager le meuble alors que tout le monde s'interroge dans la pièce depuis vingt bonnes minutes sur la cachette du prisonnier), on doit se taper une tonne de textes balancés à plein de poumon - beaucoup de bruit pour peu de rires, quand on fait vraiment le bilan (ou c'est peut-être moi, attention, qui n'ai jamais été dès le départ sur la même longueur d'onde, allez savoir...) Je reste résolument un grand fan et un grand défenseur de la version Hawksienne (His Girl Friday) - pas vu la version de Milestone-, basée sur le même scénario, celle-ci m'ayant quelque peu assommé.          

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