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Shangols
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22 février 2010

LIVRE : Redburn d'Herman Melville - 1849

melville_redburnBah c'est le lot habituel des histoires de marin, on ne cherchera pas plus loin. Le gars Melville est rompu au genre, mais livre ici son roman le moins intéressant dans cette veine-là : peut-être parce que la marine marchande est moins sujette à épisodes romanesques que la baleinerie, on s'ennuie un peu avec ce bouquin, d'autant que Melville a l'air de s'ennuyer tout autant. Il commence pourtant la chose avec un bel enthousiasme, inventant un joli personnage de mousse puceau. Les motivations de celui-ci pour s'engager à bord de ce navire sont amenées de façon intéressante, mélange de fascination pour le voyage, d'atavisme familial et de misanthropie assumée. On croit qu'on va avoir droit à un portrait énergique d'un jeune rebelle confronté à la dure loi de la mer, on se marre bien devant ses postures de dandy gâté face à la rudesse des matelots, on apprécie le récit de ses premières désillusions : la vie en mer est un pur enfer d'ennui, d'humiliations, d'anti-glamour, et on sourit devant cette colère melvilienne qu'on n'attendait pas. Les premiers chapitres décrivent tout simplement un long moment privé d'aventures : pas de tempêtes, pas d'évènement, une mer plate comme tout, voilà qui change de Moby Dick et autres Mardi.

Malheureusement, une fois arrivé de l'autre côté de l'Atlantique, notre héros se trouve bien désoeuvré, et Melville avec, et du coup nous avec. Les promenades de Redburn à Liverpool sont franchement mornes, et le gars a beau nous décrire par le menu la faune qui peuple les docks ou les cathédrales anglaises, on s'en fout un peu. Le récit se délite, le style piétine, on a une nette impression de remplissage de pages pour pas cher. Le caractère attachant du personnage se perd complètement dans ces pages-là, il devient une oie blanche sans épaisseur. On sent que Melville se réveille par-ci par-là, inventant une vague histoire de brigands ou faisant apparaître un personnage troulant, mais il ne suit pas bien longtemps ces pistes, et retourne sur son bateau pour un voyage retour sans histoire ou presque. Belle description pourtant, sur la fin, d'une épidémie qui sévit sur le bateau, ou intéressant documentaire sur les conditions de vie au quotidien des marins ; mais rien n'y fait, il y manque la puissance et le romanesque.

Redburn aura quand même été l'occasion d'une phrase qui m'a laissé sur le cul : "Quelques minutes plus tard, le corps immergé crevait la surface brasillante de l'océan nocturne, et laissait, en s'enfonçant, un sillage coruscant". C'est fait : Shangols doit être le seul blog au monde à avoir le mot "coruscant" dans ses pages.

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