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4 octobre 2009

Leçons d'Histoire (Geschichtsunterricht) de Jean-Marie Straub & Danièle Huillet - 1972

lec016Grand moment abscons encore une fois, on en a l'habitude chez nos  joyeux compères. Leçons d'Histoire tente de parler d'économie, de finances, et de ce fait de montée au pouvoir et de politique par le biais du témoignage. S'appuyant sur un roman de Brecht, les Straub sillonent la Rome contemporaine, et recueillent des monologues complexes émanant de gusses habillés en toge mais appartenant visiblement au monde d'aujourd'hui. De ce qu'il m'a semblé comprendre, il s'agit d'une sorte d'enquête de la part d'un jeune homme (un banquier ?) qui rencontre des témoins de l'ascension politique de Jules César : ça papote prix du blé, trafic d'esclaves et fermetures de mines, pour montrer que César a su manoeuvrer de main de maître les arcanes de l'économie pour devenir le maître du monde. On doit, j'imagine, pouvoir y trouver des résonnances contemporaines, mais ne comptez pas sur moi.

lec009Ca commence par 10 minutes de caméra embarquée à bord d'une voiture. Et là, on se dit qu'on est en train d'assister à une révolution dans le cinéma des Straub, le travelling avant étant une denrée rare dans leur cinéma (pour faire le malin, je rappelerai le seul autre à ma connaissance dans leur carrière : celui de De la Nuée à la Résistance). On se frotte les mains en espérant un peu d'action, mais on déchante vite : les plans suivants sont hyper-straubiens, succession de cadres rigoureux (mais quand même relativement variés, le montage est un poil plus souple que d'habitude) sur un bonhomme qui parle. Bien entendu, on ne sous-titre qu'une phrase sur deux, pour prendre le temps de bien apprécier la rigueur du dispositif. Si le discours est plus ou moins intéressant, les plans semblent bien en-dessous de ce que sait faire le couple maudit : on soupire un peu devant ces cadres assez plats, qui ne font apparaître de la nature que quelques clichés (les images de la fin sur fond de jolies fleurs en bouquets, bof). Si on ne peut pas reprocher aux Straub leur constance dans le chiant, on peut ici les soupçonner d'un brin de paresse dans la composition des cadres. Bref, on continue.

lec008Le reste du film reste dans cette veine : alternance de scènes sèches et austères et de plans plus "enlevés" : on nous refait le coup de la voiture deux autres fois (sans mentir, un tiers du ffilm y passe), mais il y a aussi de purs plans spectaculaires (à l'échelle straubienne) : des zooms, une caméra à l'épaule (!), et même un plan pris d'un bateau en mouvement, diable. On se console un peu avec ces scènes-là, celles plus verbales étant définitivement trop pointues pour qu'on puisse s'attacher au discours. Seul vrai bon moment : une interview naturaliste d'un vieux pris devant sa campagne, où on retrouve enfin la science aigüe du cadre de Straub, ainsi que son attention au son naturel. A part ça, eh bien ma foi ce n'est pas encore cette fois-ci qu'on verra un peu de légèreté chez nos gusses, on reste dans l'exigence ++, dont acte.

Tout Straub et tout Huillet, ô douleur : cliquez

Commentaires
F
D'accord, mais vous n’êtes nullement interessé à ce qu'on dit dans le film.
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