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3 février 2008

Non réconciliés (Nicht Versöhnt oder Es hilft nur Gewalt, wo Gewalt herrscht ) de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet - 1965

non019Je dois avouer que ma réaction première à la vision de Non réconciliés ou Seule la violence aide où la violence règne (c'est le très beau titre complet) est : gu ? Strictement rien compris à la trame de ce film, que même les résumés trouvés sur le net n'éclaircissent pas. On sent qu'il est question de vengeance qui se transmet sur des décénies d'Histoire allemande, de résistance, d'implication politique, le tout agrémenté d'une poésie surréaliste un peu froide et d'un humour étrange. Mais on n'y comprend goutte, d'autant plus que les éditions Montparnasse estiment qu'on parle un allemand courant, et ne sous-titrent qu'une réplique sur deux, ce qui ne facilite pas la chose.

Complètement perdu par le fond, on se raccroche à la forme, qui heureusement est nettement moins confuse : les cadres sont souvent inventifs (notamment sur un plan taquin d'assassinat hors-champ), et le montage novateur : plans très courts, parfois fulgurants, tout un pan de l'Histoire passant en 2 secondes. Il y a même une histoire d'amour réglé en 20 secondes chrono : un gars aperçoit une femme qui ferme sa fenêtre, puis la scène suivante le 4362voit demander la fille en mariage, poum, terminé. Quelques transparences magnifiques apparaissent aussi ça et là, dans des références presque hollywoodiennes qui heurtent l'oeil au milieu de cet essai hyper-contemporain et fauché. Un prêtre parle sur fond de ruines de guerre, et l'image prend une profondeur très belle. Le film acquiert une étrangeté intéressante justement grâce à cette rigueur de rythmes et de cadres. Sinon, on regarde ça comme un poème délirant, alors que ça ne semble pas être le but recherché. Les Straub ont l'air de vouloir réaliser un film philosophique, brechtien (bien qu'adapté de textes de Heinrich Böll), d'une grande profondeur... mais on se retrouve avec un bidule improbable écrit sous acide. Heureusement l'humour pointe son nez de temps en temps. Attention, c'est pas Camping, on rit avec la main devant la bouche, chez les Straub ; mais ces séquences de sectes consacrées au culte de l'agneau et du tricot sont marrantes, ainsi que la fin, qui ne résoud rien de l'intrigue et rit avec insolence des combats politiques (si j'ai bien compris). Voilà, euh sinon, sans moi...

Tout Straub et tout Huillet, ô douleur : cliquez

Commentaires
G
"Les éditions Montparnasse estiment qu'on parle un allemand courant, et ne sous-titrent qu'une réplique sur deux, ce qui ne facilite pas la chose." Les éditions Montparnasse n'ont rien à voir là-dedans, il s'agit d'un choix de Straub et Huillet eux-mêmes, pour permettre aux spectateurs de lever de temps en temps le nez.
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