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Shangols
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20 janvier 2008

Coups de Feu sur Broadway (Bullets over Broadway) de Woody Allen - 1994

Au vu de la filmographie récente de Woody, qui devient assez catastrophique (avec des choses plus regardables que d'autres, je veux bien le reconnaître), on revoit à la hausse ses petits films des années 90, qu'on avait à l'époque traités avec dédain. Bullets over Broadway n'est pas du tout un grand Woody, ça on est d'accord, mais ma foi, il se regarde gentiment, un sourire amusé aux lèvres, et on passe 1h30 sympathiques comme tout.

AllenBulletsAu rang des défauts du film : une curieuse tendance (curieuse pour lui, compte tenu de son talent habituel pour la légèreté) à insister sur des gags un peu lourdosses, comme cet acteur cabotin qui ne peut s'empêcher de dévorer toute la journée ; la scène est répétée, re-répétée, re-re-répétée, jusqu'au gag final (le gars est devenu obèse), attendu, pas terrible. Il en va de même pour ce gimmick de Diane Wiest jouant les femmes fatales éthérées et empêchant John Cusack de déclarer sa flamme ; c'est drôle, bien joué, mais répété 42 fois, ça devient lourd. D'autre part le film manque de véritable finesse de dialogues. Malgré les deux ou trois tirades poilantes sans lesquelles un Woody ne serait pas un Woody, on est un peu gêné par ces phrases balisées, attendues, qui ne parviennent pas à élever le sujet (le prix des concessions que doit faire un artiste face à la trivialité de la vie), à lui donner une tournure profonde, qui dépasserait la simple comédie. Pour tout dire, Bullets over Broadway nest pas très intelligent, ce qui est un comble pour un réalisateur d'une telle finesse intellectuelle. Toujours pour les défauts, un scénario sans surprises (malgré un ou deux coups de théâtre, mais que Woody étire jusqu'à les vider de leur substance) et beaucoup de scènes inutiles.

untitledMais bon, comme je le disais, on s'amuse bien quand même, surtout grâce à la distribution, véritable petite troupe d'acteurs en osmose. Cusack est absolument parfait en clône de Woody, pauvre intellectuel plein d'ambitions artistiques (il se prend pour Strindberg ou Tchekhov) dépassé par son manque de talent ; Diane Wiest est très drôle également, jouant avec subtilité un rôle très caricatural de diva capricieuse ; il y a aussi une charmante danseuse légère, qui a des ambitions de tragédie, et qui annonce déjà l'écervelée de Mighty Aphrodite (Jennifer Tilly), et surtout un Chazz Palminteri ex-tra-or-di-naire, qui interprète un rôle difficile de maffieux épais se découvrant des talents d'auteur dramatique. Sa façon de bouger, ses accès de violence, ses rythmes de phrases sont bluffants et toujours justes. Et puis il y a ce talent allenien toujours parfait pour le timing juste, cette justesse dans le montage : les gags sont toujours rythmés au millimètre, et Woody sait exactement à quel moment couper pour rendre la scène ou la réplique le plus drôle possible. Sa mise en scène ici, bien que manquant un peu d'ambition (c'est un film "en costumes", mais il semble un peu gêné par la reconstitution), est comme d'habitude très élégante, la caméra se déplaçant dans de complexes décors avec grâce et classe. On retrouve le grand Woody dans certaines scènes purement cérébrales et drôlatiques, comme la toute dernière qui voit une scène de déballage sexuel se dérouler en pleine rue. Bref, c'est un bon petit film à l'ancienne, divertissant, pas con, et c'est de toute façon mieux que Melinda et Melinda ou Scoop.

Tout sur Woody sans oser le demander : clique

Commentaires
A
A propos du même film, vous devriez lire cette chronique, parue aujoud'hui même (décidément ce film de 94 intéresse de nouveau beaucoup de monde) et qui présente un point de vue sensiblement différent du votre mais aussi très pertinent :<br /> <br /> http://www.relectures.org/spip.php?article15
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