Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
20 janvier 2008

Lettre d'une Inconnue (Letter from an Unknown Woman) (1948) de Max Ophüls

blogUnknownWoman_2_400

Toujours un plaisir de revoir cette adaptation d'une grande élégance du roman de Zweig. Lettre d'une Inconnue - à un mufle - est l'exemple même d'un amour à sens unique, d'une femme qui passe sa vie à courir derrière un homme  trop imbu de lui-même pour ouvrir les yeux, d'un homme qui passe sa dernière nuit à courir derrière un passé évanoui. C'est mélodramatique tout en restant léger, c'est magnifiquement interprété par une Joan Fontaine éblouissante (31 ans et crédible en jeune fille de 18 ans, gasp) et par un Louis Jourdan, éternel french lover et filmé avec une classe évidente tant la caméra est délicatement attentive à chaque mouvement.

blogUnknownWoman_1_400

La seule véritable nuit qu'ils passent ensemble est proprement magique, dans ce carrosse avec ces paysages dessinés de Venise ou de Suisse qui défilent, dans cette danse qui finit par épuiser les musiciennes (énorme, la teutonne qui se mange un petit bout de saucisse entre deux accords) : Joan Fontaine est aux anges, elle sait qu'elle vit la nuit de sa vie sans sembler croire qu'il y aura un lendemain - lorsque le Louis part en train pour Milan et qu'elle l'accompagne à la gare, elle semble déjà prête à faire le deuil de cette histoire d'amour... Elle tentera malgré tout d'y croire une dernière fois, dix ans après la naissance de leur fils en se rendant chez lui, pour se rendre définitivement compte qu'il ne s'agit que d'un pauvre viveur, incapable de remettre un nom sur le visage d'une femme aimée (ou séduite...). Romantique à souhait sous ses grands airs de gentleman-artiste, notre Louis, derrière cette apparence trompeuse, n'est qu'un personnage finalement simplement pathétique - il le comprend d'ailleurs lui-même à la fin de la lecture de la lettre. Dès lors, il ne fait aucun doute qu'il se rend d'un pas décidé au duel pour y trouver la mort : seule façon pour lui d'expier le péché de sa vie, celui d'être passé à côté de la femme de sa vie - trois fois elle est venue à lui, trois fois il n'a pas su reconnaître qu'elle était l'élue; Jésus lui aurait foutu une baffe pour le même prix.

fr_letter_from_an_unknown_woman_3421

Dans ce Vienne de 1900, Ophüls n'a pas besoin d'un déballage de décors pour nous rendre son histoire crédible; quelques rues embrumées ou enneigées, quelques scènes d'intérieur où l'on reste constamment focalisé sur les personnages, la caméra ayant la grâce des personnages. Pas de grande reconstitution puisque le drame se joue dans l'intimité. La construction en flash-back avec l'utilisation de la voix off est un modèle d'adaptation littéraire, tant chaque séquence s'enchaîne avec un grand naturel. C'est propre, classique et diablement émouvant de voir la chtite Joan sourire la plupart du temps alors qu'elle en a gros sur la patate; la scène où elle se trouve pratiquement à ses pieds alors qu'il joue au piano est d'une tendresse infinie: elle n'a d'yeux que pour lui mais... rah Louis tu l'as pas volé ce coup de pistolet (ou d'épée, qu'importe maintenant...)

Commentaires
Derniers commentaires