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Shangols
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7 janvier 2008

Sourires d'une Nuit d'été (Sommarnattens Leende) (1955) d'Ingmar Bergman

sou048Voilà le gars Ingmar qui s'essaye à la "comédie romantique", et qui prend enfin un peu l'air, en sortant ses personnages des habituels murs sclérosants de leurs demeures bourgeoises, pour filmer les jardins les ombrelles et les rivières. Bien lui en prend, car Sourires d'une Nuit d'été est charmant, un joli film qui manie avec finesse des genres opposés (la comédie et le drame intime, le vaudeville et l'amertume) et qui laisse finalement un goût délicieux par la méticulosité de ses caractères et la belle énergie de l'ensemble.

Pourtant, on est très loin de la légèreté du marivaudage pur et simple : à l'instar de Renoir, auquel on pense forcément, Bergman joue sur la douleur du sentiment amoureux, et plus particulièrement de l'infidélité, plus que sur la poilade du cocu guytriesque. On sou049n'est pas là dans la comédie de boulevard, attention, on est chez l'auteur des Fraises Sauvages, et du coup, le film, sous ses allures joyeuses, se teinte bien souvent d'une violence romantique qui touche au but. Simplement, Bergman ne s'appesantit pas sur ses volontés de tragédie, les fait passer entre deux maximes phallocrates ou deux folâtreries de Harriet Andersson, et reste résolument du côté de l'humour. Si le jeune premier romantique essaye de se pendre, c'est pour se rater totalement et atterrir sur un passage secret qui lui ouvre les bras de sa bien-aimée ; si les pistolets partent, c'est chargés à blanc ; si l'angoisse du vieillissement est là, c'est pour rire de ses ridicules. Chacun des personnages aborde l'amour, la fidélité, le désir, avec son caractère, dessinant une carte du tendre relativement complète : entre la légèreté franche et assumée de la souriresdunenuitdete_03petite bonne, le cynisme amer du maître de maison, la vertu austère de son fils, la ruse machiavélique de l'actrice ou la sincérité naïve de la jeune épouse, on fait un peu le tour de la question quand il s'agit du sentiment amoureux. Tout ça fricote, se tourne autour, se séduit pour mieux se trahir. On peut regretter que le cynisme total des dialogues déteigne un peu sur le film, qui ne dit pas grand-chose d'autre que l'inanité des sentiments et la dureté inguérissable des rapports de couples ; on peut regretter un certain relâchement au niveau de la trame, qui concentre tout sur la dernière demi-heure, et hésite trop longtemps sur les différentes pistes à choisir. Mais le film est très agréable quand même, notamment grâce à ces multiples allusions gaillardes à la Chose du sexe qui émaille le scénario, et qui sont beaucoup sou045plus érotiques qu'elles en donnent l'impression. Tout est dans le hors-cadre (la comédienne qui prend son bain sous les yeux de son ancien amant, Andersson qui place la main du jeune puceau sur son sein) et dans le double sens des dialogues, c'est fin et élégant comme on aime. Peut-être pas le plus grand Bergman, mais le plus abordable sans doute.   (Gols - 11/11/07) 


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Premier grand succès commercial de l'Ingmar qui le sauva du marasme, Sourires d'une Nuit d'Eté est gai comme un pinson qui aurait perdu quelques plumes. Je surfe sur le feeling du mon collègue tant cette "comédie romantique" annoncée dès les générique n'est jamais totalement dépourvue d'un léger fond de tristesse, comme les premières - ou les dernières - illusions amoureuses qui s'envolent. On passe ainsi facilement du drame aux rires puis au charme (parfait raccourci en effet que cette scène où le jeune homme vertueux tente de se pendre, se rate, déclenche un mécanisme secret, voit le lit d'Anne apparaître dans sa propre chambre, se verse un pot de chambre sur la tête pour vérifier qu'il ne dort point et tombe juste après dans les bras de son aimée... (oui sa "belle-mère" ça fait moins romantique)). Si chacun des personnages connaît son lot de doutes et de rebuffades, chacun finit dans les bras de sa promise - pas forcément celle avec laquelle il avait débuté mais finalement celle dont quelque part il rêvait. Il est vrai que le début du récit reste un peu trop engoncé entre les quatre murs de ces demeures bourgeoises, et que l'ultime partie donne une bouffée d'air indéniable à l'ensemble - un peu comme les pauvres seins compressés de la sublimissime et frivole Harriet Andersson qui finira par se rouler dans les meules de foin; comme si Bergman, après avoir un peu trop cherché à intellectualiser les rapports amoureux, avait trouvé son rythme en insufflant à son histoire un peu d'air et de légèreté.

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Bergman n'en oublie point pour autant la perfection de sa mise en scène notamment lors de la séquence du souper, ou lorsque les invités se retrouvent pour le thé : chaque personnage se met en place comme sur les cases d'un échiquier, chacun trouvant son point de chute avec un curieux naturel. Ce qu'il y a finalement de touchant dans ces jeux de l'amour, c'est que les hommes qui se veulent des séducteurs forcenés se retrouvent la plupart du temps surtout séduits et réduits à se laisser aller vers les femmes qui veulent bien d'eux... Derrière les déclaration un poil misogyne (deux ?) du Comte ("Que ma femme me trompe, pas de problème, mais s'il s'agit de ma maîtresse, je deviens un tigre!"... Propos qu'il inversera en fonction de la situation) se cache surtout la volonté dans ses personnages masculins un peu trop fiers de masquer derrière de belles tirades leurs vrais sentiments. Plus facile de faire un coup d'éclat avec des mots qu'au lit (sympathique petite pochade d'Harriet contre le jeune homme : "il a la tête plus dure que certaines extrémités" - traduction libre); tout comme également cet "esthète de l'amour", Henrik Egerman, dont la jeune femme est encore vierge après deux ans de mariage... Scène fabuleuse d'ailleurs lorsque Harriet Andersson et Ulla Jacobson partent d'un fou rire en se disant heureuses de ne pas être des hommes : leur marivaudage et leur fôlatrerie par la suite sur le lit est un pied de nez royal à la morgue des personnages masculins qui les entourent; seul finalement le bedonnant serviteur moustachu épicurien s'en tire avec les honneurs - il repart aux bras d'Harriet Andersson ce en quoi on ne peut lui donner tort... Comme le dit le jeune homme dans un brusque éclair de lucidité, il est étonnant que seuls les vices en ce monde apportent du plaisir... Faisons fi de la vertu.   (Shang - 07/01/08)

sommarnattens2

l'odyssée bergmaneuse est là 

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