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Shangols
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9 décembre 2007

Le Château du Dragon (Dragonwyck) de Joseph L. Mankiewicz - 1946

dragonwyckBien que d'une grande élégance formelle, bien que rempli d'idées esthétiques bien senties, bien que porté par des dialogues finauds, Dragonwyck peine à rentrer complètement dans la catégorie des grands films de Mankiewicz. D'abord parce qu'il souffre vraiment d'une comparaison incontournable avec Rebecca de Hitch, et franchement au désavantage du premier : même volonté d'inscrire le gothique dans le panorama du ciné américain, même romantisme noir, mêmes personnages (la jeune fille rêvant d'amour et de conte de fées qui se trouve aux prises avec la mort et la folie ; le grand bourgeois tourmenté par son passé ; la femme de chambre trouble)...

Mais là où Hitch emportait toutes ces inspirations dans un ample mouvement unique, on dirait que Mankiewicz se "sert" de ces références, les empile les unes sur les autres sans parvenir dragon_3à trouver une cohérence d'ensemble : les touches de gothique arrivent comme des cheveux sur la soupe, l'aspect fantastique du film n'étant pas mené jusqu'au bout (les fantômes du passé restent en arrière-plan, les décors ne font qu'impressionner). De plus, Vincent Price n'est pas Lawrence Olivier, ni James Mason, qu'il semble vouloir imiter sans jamais trouver son inquiétante sophistication ; Gene Tierney n'est pas non plus Joan Fontaine (désolé pour Shang, qui en a fait son objet de fantasme n°1), l'intreprétation était beaucoup plus desespérée dans le Hitch que dans celui-ci. Le seul défaut de Dragonwyck est d'arriver après Rebecca, parce que sinon, c'est un fort beau film, notamment dans l'utilisation de l'espace, très joliment filmé : de plafonds qui écrasent les personnages en escaliers tout en ombres et lumières, d'extérieurs ruraux magnifiques en intérieurs bourgeois hyper-précis, le film est une merveille visuelle, et on sent Mankiewicz déjà très attaché, pour sa première oeuvre, aux détails, et à l'apport "psychologique" de l'environnement sur sa trame. La musique est franchement sublime (encore une fois franchement sur les traces de Hitch), la trame se laisse gentiment suivre avec le petit côté glamour sombre nécessaire, c'est de la très belle ouvrage. Bref, Dragonwyck fait un très bon second de la classe.

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