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5 mars 2007

LIVRE : La Peau de Chagrin d'Honoré de Balzac - 1831

Sans_titreParmi tous les grands auteurs prolifiques du XIXème, j'ai toujours eu beaucoup de tendresse et de passion pour le bon vieux Balzac, qui a souvent passionné mes nuits de veille lycéennes. La Peau de Chagrin restait un grand souvenir de mes années de dévorage convulsif des classiques, aussi me suis-je repenché avec confiance sur ce roman. Avec cette fois la bizarre impression d'une construction un peu à vau-l'eau : le livre apparaît clairement comme une courte nouvelle, mais que l'auteur aurait voulu gonfler, trop développer, sans doute avide de l'argent qu'on lui versait à la ligne. Du coup, cette formidable histoire de peau qui rétrécit selon les volontés de son propriétaire, et qui symbolise l'existence, est étouffée sous des flots de mots, certes fort beaux, mais également trop inutiles pour faire avancer le schmilblick. Les 200 premières pages du livres (qui en compte 294 dans mon édition) apparaissent "en plus", inutiles, comme si Balzac avait écrit plusieurs romans en un. La très longue description de la boutique de l'antiquaire, puis le très long récit des amours de Raphaël pour une femme vénale et fatale, s'ils sont remarquablement écrits au point de vue de la beauté du langage et du vocabulaire, n'ont rien à faire dans cette trame fantastico-philosophique bien plus intéressante. Du coup, le vrai roman commence à la page 200, et Balzac accélère alors le rythme pour se concentrer enfin sur son sujet principal. Cette construction est bien bancale : après les lenteurs des débuts, l'écriture se permet de trop rapides ellipses, des phrases visiblement vite torchées. Ca fonctionne souvent (par exemple sur cette description en quelques lignes d'un duel meurtrier), mais on a aussi souvent l'impression que ces rythmes obéissent à d'autres soucis que des soucis purement artistiques. Pourtant, il y a dans cette histoire matière à des profondeurs magnifiques, que Balzac traite, on ne peut pas le lui reprocher, mais trop vite, sans s'y attarder. Le très beau thème de la mort programmée, de la difficulté de posséder le pouvoir de choisir, des douleurs de la possession, semble enterré sous ces épisodes comme greffés en plus. Restent, bien entendu, une langue miraculeusement complexe, un sens de la formule bien loin des petits malins habituels, et une fulgurance dans les descriptions des personnages (les femmes en particulier), qui laissent baba. Il y a aussi dans ce livre tout un passage "molièresque" sur les limites de la science qui montre que Balzac était aussi un critique acerbe, drôle et impertinent de son temps. Bon : La Peau de Chagrin est un livre boiteux et imparfait, mal construit et ennuyeux, mais il n'en reste pas moins que le père Honoré est un des plus grands quand il s'agit de former une phrase, de donner de l'ampleur à une lampe de chevet, un regard de femme, ou un canard.

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