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30 octobre 2006

LIVRE : L'affaire Homme de Romain Gary - 1957/1980

image_16147868_1_S'il y a bien un auteur français du XXème s. dans lequel je me suis toujours reconnu et dans lequel j'ai su puiser quelque philosophie comme on dit, c'est bien Romain Gary. Au travers de ces textes très divers - articles de journaux, préfaces, entretiens...- l'on retrouve les divers champs de bataille et combats de cet homme qui a fait de cette phrase d'Albert Camus sa raison d'être: "Je suis contre tous ceux qui croient avoir absolument raison". Vaste programme dans cette période d'après-guerre où il est l'un des premiers à combattre la politique menée en Russie et en Chine, à parler d'écologie ou encore de se poser en amoureux éternel des femmes dans lesquelles il voit le seul espoir de rédemption. Dans un style toujours très clair, très fluide cette homme à l'ironie mordante place ici et là deux-trois coups de gueule qui font plaisir à entendre. Ce genre de personnage manque cruellement à notre époque où les débats mous et les idéaux mous de ventres mous ont pris le pouvoir. Dur. Quelqu'un qui a toujours su mettre en accord ses actes et sa pensée, peut-être l'un des derniers humanistes qui gardait une vision très personnelle sur le monde alentour. Morceaux choisis de façon toute subjective...:

De la fraternité: "Si les hommes de notre temps ne trouvent pas aux problèmes qui déchirent le monde de solutions fraternelles, c'est peut-être la condamnation des hommes de notre temps, ce n'est pas une condamnation de la fraternité."

De nos amis les communistes chinois: "Les communistes chinois démolissent la Chine ancienne de manière mille fois plus implacable et efficace que n'aurait pu le faire l'Occident."

Des femmes (qu'il respecte) et du féminisme (qu'il abhorre): " Un des plus étranges aspects de l'histoire135384014_d0b2b2134e_m_1_ sociale moderne est que ce ne sont pas les hommes qui, par la forme, ont traitreusement imposé l'égalité aux femmes. Ce sont les femmes elles-mêmes, à commencer par les suffragettes, qui ont combattu des années durant pour abandonner leur position de déesse et sombrer au niveau de leurs anciens esclaves. Aucun homme civilisé n'a jamais considéré une femme comme son égal..."

Des Français (oui Môssieur): "Il y aura toujours une particule de Voltaire pour réagir à une particule de Freud [qu'il conchie], une particule de Montaigne, de Descartes ou de Pascal pour freiner l'actio d'une particule de Marx. Ce fromage culturel typiquement français, à base de ferments et d'ingrédients séculaires, a engendré une mentalité individuelle fortement protégée, avec ce qu'elle suppose de division sociale, de conflits, de totale absence d'unanimité, de contradiction, d'égoïsme, de mauvais goût et d'indépendance personnelle: mais du même coup, il est très dur de conquérir l'esprit et l'âme d'un Français".

De Mai 68: "On a dit que les émeutiers n'avaient aucun dessein. C'est assez juste: ils ne faisaient que vomir le monde."

Du style: "Tout romancier est en rivalité, en concurrence avec la vie. Or, la vie n'est pas capable de "style", c'est-à-dire, de préméditation. C'est le seul avantage que l'art possède sur la vie..."

Des éléphants...: "Des gens soutiennent que vous [les éléphants donc à qui s'adresse cette lettre] êtes un luxe que nous ne pouvons plus nous permettre. C'est exactement le genre qu'utilisent les régimes totalitaires, de Staline à Mao, en passant par Hitler, pour démontrer qu'une société vraiment rationnelle ne peut se permettre le luxe de la liberté individuelle. Les droits de l'homme sont, eux aussi, des espèces d'éléphants. Le droit d'être d'un avis contraire, de penser librement, le droit de résister au pouvoir et de le contester, ce sont là des valeurs qu'on peut très facilement juguler et réprimer au nom du rendement, de l'efficacité, des "intérêts supérieurs" et du rationalisme intégral".

De Proutouie: "On s'est toujours étonné de mon amour excessif pour les chiens: ils ont ceci de commun avec nous qu'ils ne savent pas ce qui leur arrive. Nous, on répond à cette ignorance par des chefs-d'oeuvre et eux, en remuant la queue..."

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