Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
3 octobre 2006

Une Femme dangereuse (They Drive by Night) de Raoul Walsh - 1940

Sans_titreUn des gros soucis de Walsh (qui est aussi une qualité), c'est qu'il n'avait aucune idée de son propre talent, et qu'il s'est de ce fait commis innocemment dans des panouilles sans intérêt. They Drive by Night en fait malheureusement partie : on aura bien de la peine à trouver dans ce film la marque du grand artisan que fut Walsh (artisanat qui a parfois confiné au génie : Gentleman Jim, White Heat ou High Sierra sont immenses). Tout est flou dans ce bizarre machin, bancal, bâclé, hésitant. Walsh ne sait pas vraiment s'il est en train de filmer un drame social à la Grapes of Wrath (ici, le monde des camionneurs), ou un mélodrame. Du coup, le film est coupé en deux, la partie qui décrit les dures conditions de vie des convoyeurs étant encore la plus réussie.

La partie plus "psychologique" de la chose passe complètement à côté. Ida Lupino, ridicule, sans charisme, cabotine à mort et ne comprend rien à ce qui fait les vraies garces du ciné hollywoodien. Elle gâche l'histoire, par son manque de trouble et son surjeu.1 L'histoire, de toute façon, ne tenait pas beaucoup la route : tout est trop rapide, mal tenu, et écrit en dillettante. Mais on sait comment de grands acteurs peuvent parvenir à transcender des faiblesses de scénar. Malheureusement, à côté d'Ida, George Raft peine également à convaincre : sans charme, trop mastoc pour séduire, possédant en gros deux expressions (pas content et étonné), son personnage de prolo au grand coeur fidèle ne fonctionne pas. Et puis il y a Bogart, dans un second rôle en contre-emploi total, qui lui aussi laisse dubitatif : manchot, légèrement blaireau, affublé d'une femme au foyer impossible, il fait tout ce qu'il peut pour prendre la lumière, et ne parvient qu'à montrer les limites de son talent. Il y a une scène de marchandage de citrons sur le marché (pas passionnant, je sais) où il tente de faire son coming-out d'acteur comique, et où il n'est que pitoyable dans ses efforts. Qu'on lui remette son chapeau et ses clopes, et qu'on l'empêche de jouer : c'est comme ça qu'on l'aime.

Le montage, très hésitant, cassant le rythme du film, est indigne de Walsh. Restent quelques jolis plans nocturnes sur des hommes au volant, deux ou trois personnages secondaires savoureux (un richard qui balance des vannes, un camionneur fou de flipper, et une écervelée assez marrante), et un charme surranné qui fonctionne malgré tout.

Walsh et gros mythe : cliquez

Commentaires
Derniers commentaires