Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
26 février 2024

Crépuscule (Szürkület) (1990) de György Fehér

vlcsnap-2024-02-26-11h15m30s274

vlcsnap-2024-02-26-11h15m46s214

Vous aimez les films dans le brouillard ? Les atmosphères grises, lourdes, les rythmes lents, les mouvements de caméra soignés, les plans-séquences qui imposent leur rythme, les polars qui suintent la tristesse par tous les bords ? Vous trouverez chez le gars Fehér, digne héritier de Bela Tarr (dont il produit d'ailleurs Satantango, the reference en la matière), tout ce que vous aimez. Je veux bien reconnaître qu'il vaut mieux éviter d'être d'humeur dépressive avant de se lancer dans la chose (certains films tuent, on le sait) et s'armer d'une bonne dose de vitamine pour se plonger tête baissée dans ce cinéma brumeux. Mais cela vaut le détour... Même les scènes d'intérieur sont filmés dans une sorte de brouillard, de fog permanent, alors même que les personnes ne fument point... C'est vous dire l'ambiance délicieusement grisâtre de cette œuvre qui récompense pleinement le spectateur patient.

vlcsnap-2024-02-26-11h16m06s069

vlcsnap-2024-02-26-11h17m04s716

Un meurtre, celui d'une petite fille de huit ans. D'un coup de rasoir. Un corps retrouvé dans la forêt par un vendeur ambulant qui devient le premier suspect. Un enquêteur relativement taiseux et observateur vient enquêter dans ce village où tout le monde, derrière ces murs épais, semble cacher de lourds secrets... Un homme est interrogé, l'enquête piétine et semble s'enfoncer toujours un peu plus dans le glauque... Des enfants témoignent, il est question d'un géant, d'un rocher au chocolat, l'énigme s'épaissit... Coupons court au niveau du fond (une enquête sur les tréfonds du mal qui nous amènerait aux tréfonds de l'âme ? La noirceur humaine reste, on le sait, à jamais insaisissable...) pour louer cette forme somptueuse : une caméra qui se déplace en faisant de jolies courbes, mettant ici un personnage au premier plan, là un autre au second, une sorte de lent ballet d'ombres humaines semblant s'organiser sous l’œil scrutateur de la caméra... Les enfants ont des regards qui fuient, les personnages interrogés des sourires narquois et notre enquêteur, avec son début de calvitie, sillonne ces chemins de campagne de plus en plus perdus - il s'enfonce, avec nous, dans le doute... Sa proie lui échappe, lui file entre les doigts... jusqu'à quand ? Fehér nous livre en insert des plans infinis sur ces paysages joyeux une geôle, une bande sonore remarquable, faite de bruits sourds, venant renforcer cette sensation de mal-être permanent... Du bien beau travail hongrois, une vrai plongée en enfer, dans un style subtil d'un gris flamboyant... Magnifiquement lent et parfait en son genre pour entrer dans la nuit... Partant pour voir l'ultime œuvre de Fehér, une variation sur le Facteur sonne toujours deux fois de 155 minutes ? Je contacte mon dealer de coke (ce serait pour un achat en gros) et je vous tiens au courant. Mais a priori oui.

vlcsnap-2024-02-26-11h18m47s706

vlcsnap-2024-02-26-11h19m47s616

Commentaires
Derniers commentaires