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5 février 2024

20 000 Espèces d'Abeilles (20.000 Especies de Abejas) (2024) de Estibaliz Urresola Solaguren

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Le cinéma espagnol nous livre son Tomboy et si l'on est des fans invétérés de l'inégalable Sciamma (ouais parfaitement !!! + 5 commentaires outrés sur cette chronique), avouons que la cinéaste hispanique trouve ici quelques justes et beaux moments d'empathie. "Coco" comme la surnomment ses propres frère et soeur est une enfant aux cheveux longs, un jeune garçon aux allures (et à l'âme ?) de jeune fille. Alors même que les parents vivent une période comme qui dirait guère évidente (cela sent la séparation à plein nez...), la mère amène sa progéniture quelques jours chez sa propre mère, de l'autre côté de la frontière basque (on retourne en Espagne). Très vite, "Coco" (Aitor étant son nom de baptême - déjà pas évident à porter quand on ne vit dans le monde de Goldorak) va tenter de trouver sa place (notamment auprès de sa tante apicultrice) et, pourquoi pas, une nouvelle identité... Mais le chemin, on le sait, est jonché d'obstacles, le poids des traditions et le regard pesant de la société n'arrangeant point les choses.

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Sofia Otero (Coco), toute en délicatesse, apporte un naturel troublant à son rôle, ce qui n'est pas la moindre des qualités de ce films très lumineux... Si les adeptes des scenarii alambiqués s'endormiront avant le générique, il est plaisant de voir la cinéaste suivre pas à pas cet enfant de huit ans dans son combat personnel : Coco, dès le départ, tente de s'extraire de sa famille (le père est absent, la mère n'est pas toujours disponible, sa soeur l'ignore, son frère n'est pas (tout du moins dans un premier temps) très à l'écoute, obsédé qu'il est par l'absence du père) et va tenter de nouer des relations avec des filles de son jeune âge (plus ou moins ouverte à ses "revendications" féminines...) ; elle va aussi, surtout, se rapprocher de sa tante, femme du terroir pleinement à l'écoute des troubles ressentis par cet enfant. On papillonne plus que l'on ne suit un chemin strictement balisé dans ce récit à la structure narrative un brin relâchée mais on parvient progressivement à cerner les multiples questionnements qui agitent ce frêle corps. Aitor, dit Coco, dit Lucia, aimerait qu'on la considère sous cette dernière identité mais les adultes environnants ne sont pas forcément les plus aptes à capter cette volonté, ce choix... identitaire. Une grand-mère les deux pieds pris dans ses concepts anciens, une mère qui peine parfois à faire la part des choses (est-elle en partie responsable de ces questionnements ? Elle-même traverse une période de sa vie emplie de doutes et de remises en cause... S'est-elle elle-même d'ailleurs donnée les moyens de devenir la personne, la sculptrice, qu'elle voulait devenir ? - hum, hum) et une enfant, grâce au regard précieux que cette tante pose sur elle, qui navigue un peu à vue mais qui tente peu à peu de faire comprendre ce qu'elle ressent au plus profond d'elle, d'imposer son identité propre... De l'abeille, de la douce rivière, un environnement d'un calme un peu lénifiant qui sert d'écrin à cette véritable tempête dans un très jeune crâne. La cinéaste livre un beau portrait d'enfant dans un monde d'adultes un peu sourds et quelques instants d'une belle justesse (le regard parfois un peu perdu de cette enfant, ces séquences paisibles et apaisantes en bord de rivière, ces échanges "constructifs" avec la tante...) malgré quelques petits moments de flottement (avec des personnages adultes parfois à la limite de la caricature mais bon). Non, non, le cinéma espagnol n'est pas mort, il bzz bzz encore.

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