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2 février 2024

L'Affaire de la Mutinerie du Caine (The Caine Mutiny Court-Martial) de William Friedkin - 2023

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On doit forcément du respect à William Friedkin, et ce n'est sûrement pas à l'heure de son ultime film (terminé laborieusement sous la houlette de Guillermo Del Toro) qu'on va commencer à dire du mal. Mais n'empêche : il semblerait bien que, malgré ses efforts et sa volonté d'y retourner, les films de procès ne soient pas sa tasse de thé. Après un 12 Angry Men poussif, le voilà s'attaquant à un remake d'Ouragan sur le Caine, avec ce huis-clos qui se déroule uniquement dans le cadre du procès du lieutenant Maryk, capitaine en second du mythique bateau. Un jour de tempête, le capitaine, Queeg, prend une décision, s'y arc-boute envers et contre son second, qui déclenche donc une mutinerie, d'où le procès. Il faut dire que cet événement advient après une longue série de petits incidents d'autorité, privations, humiliations, caprices hiérarchiques : c'est la goutte d'eau (salée) qui fait déborder le vase. Deux axes de défense : le camp Queeg soutient que sa décision était juste, fait jouer son expérience et l'histoire exemplaire de sa vie militaire ; le camp Maryk accuse l'homme d'être paranoïaque, lâche, névrosé, et d'avoir pété les plombs en pleine tempête. Le premier est défendu par une avocate pugnace et autoritaire, le second par un militaire tout de mesure, d'intelligence et d'humanité.

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Friedkin a beaucoup de mal à se départir de l'aspect théâtral de son dispositif. Chaque nouveau témoin fait son entrée comme venu de la coulisse, chacun est cadré sagement, chacun fait son petit numéro d'acteur avant de regagner sa loge. Le cas en lui-même n'est pas inintéressant, c'est vrai, et on suit sans trop de mal cette affaire banale mais tristement sordide. Friedkin range son film avec soin, ne se laissant pas distraire par des intrigues secondaires, restant au plus près de la parole, des petites nuances de comportement de chaque personnage pour tenter de décrypter les secrets de cette affaire. Il est question de ça, dans ce film : de la parole, sujet un peu inattendu chez un cinéaste qui a toujours aimé l'action et les corps. Le film est donc une suite de monologues, filmés sans invention, de façon académique, le cinéaste désirant visiblement que son spectateur soit happé par les rouages de l'enquête plus que par la forme du film. Du coup, on s'ennuie un peu à regarder ces interrogatoires croisés, et on se dit que le film de procès est tout de même un art difficile. Restent quelques bon motifs de satisfaction. Comme ce long monologue de Kiefer Sutherland sur la fin, qui dévoile tous les secrets du personnage sans qu'il s'en rende compte, grâce à sa gestuelle, à ses tics, à sa voix qui vrille : Friedkin s'intéresse semble-t-il au langage corporel et jubile de diriger les petites nuances de son acteur. Le jeu de l'avocat de la défense, Jason Clarke, est également excellent, lui qui parvient peu à peu à retourner l'opinion comme un gant. Mais quand on constate que cette subtilité dans l'écriture ne mène qu'à un dénouement très patriotique et va-t-en-guerre, on déchante : des petits vieux comme Queeg se sont battus et ont décanillé de l'Arabe après le 11 septembre quand toi, petit con, tu étais encore sur les bancs du lycée, alors un peu de respect. Mouais, on préfère le discours de Bug. Pas mauvais, ce film, non non, juste un poil insipide et inutile.

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