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2 février 2024

La Petite de Guillaume Nicloux - 2023

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2023 fut une toute petite année pour Guillaume Nicloux, et le temps de ses bonnes réalisations tend à dater quelque peu : après son pire film (La Tour), le voilà 6 mois plus tard avec La Petite, médiocre machin commercial qui s'apparente plus à un téléfilm de France 2 qu'à un film de cinéma. Le cinéaste offre un écrin à Fabrice Luchini, avec ce rôle à César difficile et valorisant. Un homme simple perd son fils dans un accident d'avion, première occasion pour l'acteur de briller : l'annonce de la nouvelle au téléphone lui fait prendre une figure de 8 mètres de long, et il faut avouer que le doigt se rapproche de la télécommande. Luchini est nul, la situation injouable, et on croit à son côté artisan bourru comme on croit au programme écolo de Macron. Tout le début du film est saccagé par ce cabotinage de l'acteur, complètement en roue libre, confronté à une lourde culpabilité (il s'était brouillé avec son fiston) et à un cas tout à fait spécial : le défunt, homosexuel, avait choisi une mère porteuse pour leur enfant ; les deux conjoints étant morts, cet enfant à naître risque de se retrouver orphelin d’entrée de jeu. Il n'en faut pas plus pour que notre brave papy parte à la recherche de la mère, afin de pourvoir à la destinée de ce petit-fils à naître. Ça n'ira pas tout seul, puisque madame est sacrément têtue, la belle-famille sacrément réac et le compte en banque de notre homme sacrément dans le rouge.

la-petite

La deuxième partie est un peu mieux. Passées les premières séquences casse-gueule, Luchini se calme, et parvient à trouver quelques instants très justes dans la description de cette obsession du petit vieux : son petit-fils ne peut pas être abandonné, et peu importent les moyens pour lui éviter ça. Il y a dans ce personnage qui s'accroche à son idée comme une huître à son rocher une obstination à la Bartleby, et l'acteur joue parfaitement la mouche du coche, surtout dans ce contexte qu'il ne connait pas (la Belgique flamande). Si on se contrecarre du sujet, si la volonté de cet homme nous demeure bien opaque, on apprécie cette sentimentalité premier degré et ce tout petit personnage à la Sempé qui devient un véritable héros face aux autres (fille jalouse, belle-famille pleine de jugement, mère porteuse obstinée et furax). Voilà à peu près tout ce qu'on peut dire de positif là-dessus, car à part ça, le film est la plupart du fatigant à regarder tant il est prévisible et plein de bons sentiments. On passe de l'affliction totale (les pointes d'humour, comme quand Luchini fait du rap, consternant) à l'ennui pur (les rencontres avec la mère, Mara Taquin, convenues et sur-écrites), en ne passant que très rarement par la satisfaction. Tout ça, bien entendu, se terminera dans une ambiance œcuménique et bon enfant, où tous pourront enfin se livrer à cette espèce de bonne entente commune et un brin "mariage pour tous" (ce en quoi le film se tire lui-même une balle dans le pied : lui qui voulait être moderne se retrouve bien rétrograde dans sa vision de la famille). Quant au Nicloux moderne et dérangeant qu'on a connu, il semble avoir été étouffé sous la star et le beau chèque.

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