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Shangols
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2 février 2024

SERIE : Fargo saison 5 de Noah Hawley - 2024

Sans titre

Miraculeux retour d'une des séries les plus réussies du monde, réjouissons-nous. Comme d'habitude, les créateurs de Fargo redistribuent entièrement les cartes pour cette nouvelle saison, qui raconte une nouvelle histoire dans un nouveau décor. Toutefois, il y a indéniablement un socle commun à toutes les saisons : la violence, l'humour, un méchant psychopathe, des gens ordinaires plongés dans un bain extraordinaire, la puissance symbolique des personnages, la neige. Voilà qui renoue donc avec la matrice qu'est le film de frères Coen, et bien que les intrigues n'aient plus grand-chose à voir avec le modèle d'origine, on reste dans un univers homogène et reconnaissable.

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Après une saison 4 vraiment puissante et solennelle, on revient dans une histoire de pur divertissement. On y perd un peu, c'est vrai, et cette saison se regarde nonchalamment, amusé mais pas captivé par les aventures de cette femme banale rattrapée tout à coup par son passé. Dorothy/Nadine (Juno Temple), femme au foyer ordinaire, subit en effet une tentative d'enlèvement de la part de malfrats, et règle le problème en véritable ninja, et non sans tacher la neige de sang frais. Qui est-elle ? Comment une aussi frêle et charmante jeune femme est-elle ainsi rompue à la survie ? Tout s’éclaire lorsque apparaît son ancien mari : le shérif Roy Tillman est une brute masculiniste à l'ancienne, et fera tout pour se venger de l'abandon, puis de la disparition de cette femme qu'il vient de retrouver malgré ses changements d'identité et de vie. Le duel entre ces deux se complique avec l'apparition de maints personnages hauts en couleurs : l'actuel mari de Dorothy, gentil petit mec naïf ; sa belle-mère (Jennifer Jason Leigh, on est bien content de la retrouver), salope intégrale vénale et méprisante ; un tueur comme d'habitude exotique et terrifiant, vaguement vampire sur les bords ; le fils du shérif, matamore mais loser intégral ; et toute une palanquée de flics dépassés mais courageux, qui vont tenter de garder tout ça hors du chaos total. Inutile de dire qu'ils ne vont pas y arriver.

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Les auteurs ont peut-être la main un peu lourde cette fois-ci dans le dessin des personnages : la belle-mère immonde ou le mari candide sont un brin trop caricaturaux, et empêchent l'histoire d'être un tant soit peut crédible. Le scénario, d'autre part, piétine un peu, se contentant de répéter à l'envi des scènes d'attaques envers Dorothy et sa famille, certes très joliment réalisées et très fun, mais trop répétitives. Peut-être la multiplication des "méchants" empêche-t-elle de frémir vraiment pour l'héroïne : trop cartoonesques (le tueur étrange), trop improbables (le fiston), ils se montrent d’entrée de jeu incapables de mettre la main sur elle, qui se montre par ailleurs diablement inventive pour déjouer leurs sombres desseins. Mais par-dessus tout ça surnage le formidable personnage de ce shérif empli de valeurs réactionnaires, candidat politique d'extrême-droite, convaincu de ses valeurs masculinistes, racistes et patriarcales. Voilà le personnage réellement effrayant de la saison, et les auteurs ne se cachent pas de leur référence ; il y a beaucoup de Trump dans cet homme-là, et la sorte de révolte citoyenne qu'il parvient à déclencher dans les derniers épisodes, se retranchant derrière une armée civile et patibulaire, rappelle certains épisodes récents de l'histoire américaine. Ses rapports avec son fils donnent de belles choses qui convoquent la tragédie grecque, et on apprécie également les ambiances mortifères de la fin de la série, qui verse plus dans un ton solennel qui colle bien avec le ton général de Fargo. Voilà : les méchants sont comme d'habitude plus réussis que les gentils. On regarde en tout cas cette saison 5 avec amusement, toujours entrainé dans cette narration sans cesse surprenante et fun en diable. Vivement la 6.

Sans titggre

Commentaires
B
Cher Shangols, <br /> <br /> Là ou j’ai pour habitude de suivre votre passion pour le cinéma tel un guidon critique, j’ai bien peur qu’il me faille cette fois ci rejoindre les rangs du camarade Badru.<br /> <br /> Entendons-nous bien : le problème n’est pas tant que la saison 5 de Fargo soit mauvaise…c’est qu’elle est médiocre. Elle dépasse bien entendu en qualité la plupart des torchons qu’on nous sert ad nauseam sur Netflix & co, mais enfin, ne sommes-nous pas en droit d’espérer un peu (beaucoup ?) plus de ce que vous appelez vous-même l’ « une des séries les plus réussies du monde » ? <br /> <br /> On sent bien que Noah Hawley essaye de nous ressortir les recettes éprouvées des excellentes saisons 1&2 et mettre de côté celles des un peu moins bonnes (et critiquées) 3&4 qui péchaient par leur complexité, nombreux personnages, intrigues et sous intrigues. Dont acte, cette fois on taille dans le gras (du Jambon)… mais jusqu’à l’excès et c’est bien le problème ! Notre suidé de Sherif veut récupérer Nadine, Nadine ne mange pas de cette charcuterie-là. Au milieu de cette maigre cochonnaille? Pas grand-chose à se mettre sous la dent à vrai dire! Je vous l’assure, faites ce petit exercice à la maison : après visionnage laisser passer 1 ou 2 semaines puis repensez à la saison 5 de Fargo. De quoi vous souviendrez vous ? Le policier à béquilles et sa collègue cocue ? Le rejeton de Jambon ? Le mari simplet ? le tueur ersatz de Bardem dans No Country for Old Men ? Non, non, non et re-non ! Quelques chapelets d’effet de style ici et là mais jamais au bon endroit dans l’assiette, des personnages secondaires jetés à la va-vite dans le bouillon du scénario et une morale qui laisse un gout amer (on peut être une froide capitaliste qui saigne les classes moyennes à blanc mais avoir une cœur qui bat pour la cause féministe, quitter le fonctionnariat et la défense du bien commun au profit d’une multimilliardaire est un objectif louable de vie, les ruraux sont forcément des trumpistes sanguinaires manipulables à souhait, seuls les hommes serviles et naïfs sont bons à marier, je continue ?). <br /> <br /> Bref, j’ai beau voir la noble intention de nous faire regouter les délicieuses saveurs passés, je n’y retrouve que quelques pauvres ingrédients périmés sur leur lit de paresse. Sous le plat Fargo peut-être est-il temps d’éteindre le feu ?
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B
Vous êtes bien indulgents. On vous pardonne aisément: on peut à juste titre être ébloui par la performance de Jon Hamm (dit Jean-Jambon par chez moi) et Jennifer Jason Leigh (cette diction!).<br /> <br /> Mais, sérieusement, cette saison n'a ni queue ni tête.<br /> <br /> <br /> <br /> (a) On ne sait pas si on se trouve dans un film d'horreur (que nous apporte la scène incompréhensible du tueur s'enduisant de sang de chèvre avant d'aller... rien faire dans la maison du patriarche Jambon?), une comédie noire (ce que Fargo est à la base), une guimauve moralisatrice (la scène finale, quelle dégringolade) ou un biopic historique (le saut dans le temps d'un demi-siècle, wtf?). <br /> <br /> <br /> <br /> (b) Nombre de scènes tirées par les cheveux trahissent un manque d'inspiration des scénaristes. Un épisode entier fondé sur un rêve pour nous informé du lourd passé de Nadine (y avait pas mieux en magasin?); ladite Nadine retrouvée par son persécuteur à la faveur d'un absurde accident de camion; Nadine, encore, qui déploie des trésors d'ingéniosité pour se défaire de ses menottes avant d'aller lamentablement se cacher dans un puits sans porte de sortie (cimer).<br /> <br /> <br /> <br /> (c) En j'en passe: certains personnages sont malheureusement sous-exploités (Lamorne Morris est malheureusement contraint d'avoir moins de présence que ses béquilles, et disparaît sans spectacle), la bande-son manque de cohérence et semble désespérément tenter de reproduire les exploits de la saison 2 (que ce soit par le registre rock ou les scènes rythmées), etc.<br /> <br /> <br /> <br /> Call me a vieux con, mais Fargo c'est plus ce que c'était. On est allés de sommet en sommet dans les saisons 1 et 2, puis tout a disparu. La saison 4 a un peu relevé le niveau (et encore, la scène du prout dans le premier épisode était très déplacée), mais ce n'était probablement que l'ultime spasme d'un corps qui se meurt.
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