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1 février 2024

Ninfa Plebea de Lina Wertmüller - 1996

Sans titre

Jamais la même mais toujours reconnaissable, notre Lina Wertmüller, capable de comédies musicales, de drames, de westerns, de grosses farces, de feuilletons, mais ajoutant toujours son grain de sel et son petit piment à chaque œuvre abordée, qu'elle soit de commande ou plus personnelle. Ninfa Plebea n'est vraiment pas un grand film, il ferait même figure de nanar ringard au sein des années 90 où il a vu le jour, mais au milieu du marasme, on voit bien qu'il y a derrière ça une vraie personnalité, un caractère bien trempé, une cinéaste de style pour tout dire. Bon, à bout de souffle sûrement, Wertmüller signe ici un truc un peu inutile, ni fait ni à faire, qui raconte le destin tragico-comique d'une jeune fille pauvre, de sa pauvre demeure villageoise jusqu'à son mariage avec l'élu de son cœur enfin dévoilé. Le parcours de l’adolescence sera jonché de pièges, ayant tous pour nom : le Mâle italien. Ça commence très tôt, puisque la pauvre est la fille d'une femme pétulante et sexy (Stefania Sandrelli, toute en formes), trompant son impuissant de mari à la vue de tous. Telle mère telle fille, semblent se dire les garçons du coin, qui ne se privent pas pour peloter allègrement la petite Miluzza (Lucia Cara) dans des scènes éminemment wertmülleriennes : vulgaire, grossier, dérangeant, l'érotisme vu par Lina est d'une crudité totale et ferait passer Marco Ferreri pour Christine Boutin. Ça baise en hurlant, ça pète, ça met des mains au panier et ça se balance des mots crus dans tous les coins de l'écran. On aime ou pas, mais c'est ça, le sexe dans les films de la dame : c'est direct, populaire, ça sent la sueur et la plèbe, ça ne prend pas de pincettes, et tant pis si madame la marquise se pince le nez face aux odeurs de cul. Moi, c'est pour ça que je l'aime, Lina Wertmüller : elle me met le nez dedans, dans un débordement paillard sans frein.

Sans titre

Après cette première partie très sexuée, la dame se calme un peu en nous narrant la trajectoire de Miluzza, convoitée donc par tous, mais qui arrivera (ou pas) à rester vierge jusqu'à son mariage. Dans un parcours un peu à la Sade, la petite tombe de Charybde en Scylla : dès qu'elle arrive à échapper à un garçon turgescent, c'est pour tomber dans un nouveau piège : patron obsédé, militaire rougeaud, petit vieux priapique et même curé louche, toute la gente masculine y passe, tous veulent déflorer l'adolescente. Il faudra la guerre, le malheur total, la perte de tout, pour qu'elle rencontre enfin un homme pur, mais il faudra encore qu'elle apprivoise sa famille pour parvenir à l'autel. Bon, on ne va pas se mentir : c'est pas super intéressant, et la cinéaste se perd dans ce scénario mal ficelé, très déceptif, qui ne semble constitué que de lambeaux d'idées jamais poussées à bout. La comédienne à du bagout, oui, Morricone y va de ses cymbales (signant une de ses musiques les moins passionnantes), il y a de temps en temps (notamment dans le dernier quart d'heure), quelques jolies trouvailles, c'est dynamique et rythmé, mais rien n'y fait : on s'ennuie, et on finit par se désintéresser complètement du sort de cette Justine des temps modernes. On se demande bien quel était le projet de base : montrer une jeune fille pauvre qui se bat pour son indépendance ? fustiger les hommes (mais tout en réalisant quelques scènes destinées à les mettre en rut) ? faire un portrait en coupe de la vision de la sexualité dans les campagnes reculées d'Italie ? On ne sait pas trop, mais le film échoue dans toutes ces voies. Reste ce ton unique, provocateur, hyper-italien, qui n’appartient qu'à Wertmüller : c'est déjà formidable.

Ninfa Plebeya 13

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