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27 janvier 2024

LIVRE : Irene (Nosotros) de Manuel Vilas - 2023

c28e16e357dd437523720f57fb3a633d99eab5277c8d26a5bc1af500f64edf38Partagé, partagé à la lecture de ce roman d'une des stars de la littérature espagnole, qui prend là pas mal de risques (c'est tout à son honneur), mais du coup se plante aussi pas mal (c'est tout à ses dépends). En gros, il prend le risque de vous agacer pendant 250 pages, avant de vous retourner façon crêpe dans les 50 dernières. Le roman retrace en effet l'histoire d'un amour plus que parfait, idéal, utopique, improbable : celui qu'Irene, cinquantenaire fringante, a vécu avec Marce, son italo-espagnol-fan-de-Fellini de mari. Le bougre est mort de maladie quand débute le livre, et voici notre Irene entamant un tour de l'Europe pour tenter d'oublier son malheur et de se retrouver. En guise de résilience, elle va découvrir que coucher avec des inconnus à chaque étape de son périple lui fait retrouver son Marce, que l'orgasme le fait revenir façon fantôme. L'escapade d'Irene va donc se transformer en odyssée sexuelle à la recherche de cet homme qui a comblé sa vie. Le récit de son voyage se croise avec ses souvenirs de vie amoureuse : le couple, comme je le disais, a été au-delà de la perfection et de l'osmose. On croit à ce couple autant qu'au retour de la gauche, mais on ferme les yeux tant cette vision surannée de l'amour parfait peut être réconfortante : Irene croit en l'union des âmes, même si elle est rarissime, et nous fait partager cet émerveillement d'avoir trouvé son autre moitié. A sa suite, on soupçonne Vilas d'abonder dans cette utopie, et de regarder son personnage comme une héroïne tragique et puissante.

Il y a  dans cette reconquête de sa sexualité pour tenter de retrouver son amant quelque chose de très moderne, de féministe même si on osait. Irene, femme libre et libérée, princesse riche et désœuvrée, couche avec les hommes et les femmes qu'elle choisit, puis les abandonne sans autre forme de sentiment : elle ne veut que retrouver l'espace de quelques secondes son Marce. Son voyage est celui d'une femme d'aujourd'hui, qui s'assume et a sa vision de l'amour. Ce qui en fait un personnage un peu agaçant : non seulement sa croyance en l'amour parfait n'est jamais crédible (et Vilas va très loin dans le description de cette vie idyllique), mais son indifférence envers les êtres qu'elle croise et utilise en fait un être déplaisant en fin de compte. Très répétitif, parfois carrément mal écrit (ou mal traduit : "en 1950 du siècle dernier", "elle consulta sa montre pour vérifier l'heure"...), le roman voudrait jongler avec les discours direct et indirect, nous plonger dans le cerveau de cette femme, nous entrainer dans un flow induit par la rapidité des phrases et le rythme effréné du récit ; mais il échoue à trouver de la puissance dans le style, trop erratique, trop souvent maladroit. Personnage déplaisant, style vacillant, on se dit qu'on est tombé sur un mauvais livre. Et puis, il y a les 50 dernières pages, où Vilas fait un numéro d'acrobatie assez impressionnant, et renverse tout ce qu'on pensait avoir compris. Et c'est vrai que cette fin est maline, et permet de refermer le livre sans regretter de l'avoir lu. Une conclusion de Normand, certes, mais j'ai aimé et pas aimé Irene.

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