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24 janvier 2024

Daaaaaalí ! (2024) de Quentin Dupieux

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On a beau dire ce qu'on veut, il nous fait du bien (ainsi qu'au cinéma français) ce Dupieux. Explorant toujours des contrées inexplorées jusqu'alors (il a remis notamment le daim au centre des débats, quand même), sur un ton comique délirant qu'on pensait perdu, il parvient toujours, quelles que soient ses introductions plus ou moins laborieuses, à finir par nous embarquer pleinement dans son délire. Ici, il s'agit, pour une pharmacienne, (ou une boulangère ? (...)) d'interviewer Dali. Voilà. C'est le pitch, le synopsis, et le scénario. D'autres questions ? Alors oui, bien sûr, tout cela va reposer non seulement sur les personnages (sous influence bunuellienne évidente, Dupieux choisit de prendre différents acteurs pour incarner son Dali : mention spéciale, forcément, pour Baer et Cohen, mention passable, forcément, pour Lellouch et Marmaï) mais également sur un scénario qu'on définira, pour ne pas péter toutes les surprises, une en particulier, comme étant un scénario "à tiroirs" - impressions de déjà vu, délires surréalistes complets et mises en abyme multiples au programme.

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Au départ, dès la vision de ce piano qui perd de l'eau sur le générique d'ouverture, on se dit qu'on va assister une nouvelle fois à un doux délire du gars Quentin. Le film, changeant d'interprètes daliesques à l'envi, mettant la chtite Anaïs Demoustier (l'intervieweuse) dans des situations d'échecs un peu faciles, peine un peu encore à trouver ses marques : on sent qu'il y a du potentiel (la marche infinie, tout comme le discours oiseux d'un Edouard Baer, surjouant l'accent daliesque, en pleine forme) mais on sent que ces micro-gags risquent de finir par nous faire tourner un peu en rond... Et puis, et puis, on rentre dans le récit d'un rêve et Dupieux peut, à partir de là, déployer tout son sens de l'absurde, du gag à répétition, du comique pur... On se prend au jeu de ces récits enchâssés, de ces personnages récurrents improbables (le cow-boy chasseur de prêtre, un must) et de ce doux délire proprement... surréaliste qui rend, en même temps, un hommage appuyé au génie Dali et à son égo (exacerbé ? c'est forcément rien de le dire). Dupieux, mine de rien, trace son sillon dans cette veine délirante et l'on se dit qu'il est bien, actuellement, le seul à pouvoir se montrer digne, par un film, du sens du délire complet de l'artiste espagnol. Un vrai grand petit film bouffon (qui, pour une fois, finit plutôt fort), pour parodier le sens de la formule de mon compère. AAAAAAllez-y donc !!!  (Shang - 23/01/24)

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Eh bien je pense être le plus dupieusien des deux, mais je n'ai pas accroché à ce film pour ma part. Trop dilettante, peut-être, trop je m'en foutiste pour vraiment m'intéresser. On a l'impression que Dupieux s'est dit : "Bon, je vais faire un film sur Dali, mais je ne veux pas faire un biopic ni un documentaire ; je veux trouver l'essence même du gars. Or, il est sans cesse surprenant et surréaliste : soyons-le donc...". Belle idée au départ, donc, de tenter de retrouver quelque chose de la folie du peintre, de retranscrire à l'écran ses coq-à-l'âne, son imprévisibilité, son étrangeté. Mais 1h20 plus tard, on se dit que le compère s'est raté, s'arrêtant au gros orteil de Dali : n'est pas complètement barré qui veut, et même un esprit bien atteint comme Dupieux ne parvient pas à égaler le maître. A de rares endroits, oui, il y arrive : dans cette entrée du personnage, sans cesse retardée par un couloir qui semble infini ; dans ces fins qui s'enchâssent les unes dans les autres ; dans ces "à-plat" sur la mer ou la maison espagnole ; dans le montage à l'envers... Mais, pris un peu en exercice de paresse, le cinéaste va la plupart du temps au plus court : ses acteurs, un peu perdus dans ce qu'ils ont à jouer, sont très figés, à part effectivement Baer qui trouve la véritable fantaisie du personnage ; pas mal d'idées sont assez pauvres, comme ce rêve qui n'en finit plus de finir, comme ce chassé-croisé entre le peintre et son double vieux, comme cette pose pour un des tableaux de Dali, comme ce plat plein de vers grouillants. On comprend bien les allusions à l'univers onirique, aux collaborations avec Buñuel, à l'angoisse de la mort ; mais mises en scène sans élan, sans idée, sans nécessité, ces scènes se perdent dans un n'importe quoi dommageable. Dali ne faisait pas n'importe quoi, il faisait des choses folles, nuance.

Sans titre

Le film est très court, mais Dupieux le charge pourtant de scènes complètement inutiles, dont on se demande bien quelle est leur finalité. C'est la partie Demoustier : la belle passe sont temps à passer à côté de son interview du maître, à se faire engueuler par son producteur, à rivaliser de charme pour obtenir une nouvelle chance, à ensevelir le gars sous les coups de téléphone... et tout ça ne sert à rien, apparaît comme une perte de temps complète dans le film. Plutôt que de s'intéresser à son personnage, suffisamment génial tout de même pour pouvoir remplir 80 minutes de métrage, il prend la tangente et se perd, en nous ennuyant au passage (le jeu d'Anaïs Demoustier y est aussi pour quelque chose). Et puis le film affiche un dilettantisme dandy qui ne fonctionne pas avec Dali, à mon avis. C'est le défaut de Dupieux parfois : ses films sont relâchés et pas importants, ce qui est attachant parfois (Le Daim, Steak, Réalité...), mais ce qui fait tâche une fois le statut d'auteur enfin acquis.   (Gols - 24/01/24)

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Commentaires
L
La scène quasi inaugurale du couloir sans fin n'est t'elle pas un hommage (?) à celle, d'un esprit assez semblable, dans PLAYTIME ? C'est à peu près la seule interrogation qui me soit venue après la vision du film.
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Y
J'aime pas Anais Demoustier.
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