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20 janvier 2024

Super-bourrés de Bastien Milheau - 2023

1200-L--super-bourrs-partir-de-quel-ge-peut-on-emmener-les-enfants-voir-le-film

Ah je ne vais pas vous promettre un grand moment de formalisme à la Tarkovski, on a quand même à faire à un film avec Jean Lassalle et Vincent Moscato ; mais Super-bourrés est tellement sincère, d'une simplicité et d'une candeur tellement assumées, d'une modestie telle, qu'on ne peut que sourire avec bienveillance devant ce petit objet craquant. Milheau travaille sur le genre du buddy-movie, et fabrique le portrait d'une amitié de jeunesse très juste et touchante. Janus, grand dadais à la Riad Sattouf, et Sam, jeune fille débrouillarde et gentille, sont potes, se tapent les mêmes délires, rient des mêmes conneries, ont les mêmes rêves, et se consolent de leur inadaptation sociale en cultivant leur amitié à la vie à la mort. Mais ce soir de fête programmée pourrait bien être le moment où tout va changer : non seulement parce que c'est le dernier jour de Janus dans le village, avant qu'il ne parte pour des études lointaines ; mais en plus parce que le duo est chargé tout à coup de fournir l'alcool pour la soirée. Rôle que le duo va prendre très à cœur, même quand ils égarent le fric confié par tous les invités. Ils vont entamer une odyssée dans 1 kilomètre-carré pour fournir tout de même l'alcool, quitte à la fabriquer, et vivre une petite aventure en même temps qu'une journée d'émancipation et d'adieu à leur enfance. Une sorte de film de Judd Apatow qui serait mixé avec la chronique sociale à la française, quoi, régressif et touchant, crétin et profond à la fois.

Super-bourres-photo-6

En forçant le trait, Milheau réalise une caricature très drôle de ces petits villages du sud, où l'alcool et la beuverie sont sacro-saints et sont transmis de père en fils. Loin de critiquer ce fait, il s'amuse de l'aspect un peu rétrograde et arriéré de ces habitants à accent, qu'il regarde avec beaucoup de tendresse, y compris le plus con du coin. Dans ce contexte, nos deux héros un peu borgnoles évoluent avec une belle santé, confrontés à des adultes aussi gosses qu'eux. Ce qui est le plus beau finalement dans leur relation, c'est qu'elle n'est qu'amicale, et fusionnelle : leur complicité est évidente, et ira même par-dessus les amourettes ou les épreuves. Les dialogues finauds et cet arrière-plan de fin programmée de l'enfance rendent le film très attachant, curieusement émouvant derrière sa drôlerie. On n'est pas dans le grand film, non, c'est parfois lourd, prévisible, pas toujours bien joué chez les seconds rôles. Mais la grande candeur du film, qui vient d'une évidente compréhension de ces petites gens de la part d'un cinéaste en osmose avec eux, emporte tout : on se marre bien, on est touchés, et on constate que le cinéma, quand il est ainsi privé de tout cynisme, peut aussi dire de bien belles choses sur le déterminisme social et l'humanisme.

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