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19 janvier 2024

LIVRE : Aliène de Phoebe Hadjimarkos-Clarke - 2024

3543d251a68e49b550c700c97fb323356abb2f1cbabfd971d7a091d4a3f73c4fIl arrive environ une fois par an qu'on tombe sur un de ces livres absolument uniques, qui vous laissent aussi pantois qu'admiratifs, et dont on n'arrive absolument pas à cerner le sujet ni ce qui en fait la grandeur. C'est le cas avec ce roman tombé de nulle part, écrit par une auteur au nom impossible, doté d'une couverture et d'un titre qui induisent le livre historique le plus sage. Tentons pourtant d'en résumer la complexe trame : Fauvel est une jeune femme (borgne, elle a perdu son œil dans une manif de Gilets Jaunes) qui se voit confier la garde de la maison et de la chienne (clonée et caractérielle...) du père de sa meilleure amie. En bordure de forêt, la maison est encerclée de chasseurs et de mystérieuses bêtes sauvages qui vont peu à peu fabriquer, les pétards et l'imagination de la fille aidant, un monde mi-fantastique mi-fantasmé qui mêle le sexe, la mort, la peur, le désir, l'étrange, l'altérité, tout ça dans un mouvement symphonique assez bluffant. Aidé de son pote Michel et de sa trouble copine, Fauvel va devoir à la fois apprendre à comprendre le comportement de la chienne qui s'échappe pour d'inquiétantes fugues, gérer le voisin chasseur et peut-être psychopathe, résoudre ce problème d'extra-terrestres qui roderaient dans le coin (...), et se retrouver elle-même dans ce chaos sanglant et sensoriel.

Ce ne sont que quelques éléments d'une trame très complexe qui part franchement dans tous les sens, et ne cesse de nous filer entre les doigts. Dès les premières pages de Aliène, on est plongé dans une atmosphère très étrange, qui pourrait être sorti d'un film de Lynch ou d'un conte de Lewis Carroll, tout autant qu'il pourrait être issu du cerveau d'un Cronenberg sous amphète. Le constat est qu'il vous donne du plaisir, justement par son côté insaisissable. Dès qu'on s'accroche à un début de fil rouge (la chienne au comportement erratique, l’œil perdu, le chasseur ambigu, le personnage de télé-réalité, les extra-terrestres...), clac, Hadjimarkos-Clarke nous emmène la page suivante ailleurs, bien décidée à nous perdre coûte que coûte dans son conte morbide et ouaté. Incapables donc de s'accrocher à quoi que ce soit, on se laisse aller au plaisir de se perdre, et on fait bien : l'écriture de la dame est vraiment belle, évocatrice, impressionniste et en même temps très nette. L'auteur ne sa laisse jamais aller à la poésie pure, reste les deux pieds dans la mousse spermique de sa forêt, et fabrique des images fortes et directes. Pourtant, son style est très sensoriel, travaillant l'adjectif qualificatif et le rythme en orfèvre : phrases courtes, champ sémantique assez limité, mais qui alternent avec de longs monologues très joliment charpentés ou des scènes de rêveries pas si éloignées d'un suréalisme à la Dali. Il y a tout ça et plus encore dans ce bouquin foutraque et hyper-littéraire, qui cherche plus à provoquer de l'imagination, à titiller vos sens, qu'à produire une trame concrète. Amis de l'étrange, entrez dans ce monde.

Commentaires
S
Bien étrange nom, aussi. Ou pseudo. Comme si l'auteur se voyait en carrefour multi-religions: un brin muslim, un poil orthodoxe grec, un tantinet protestant tendance Mayflower, et , pour finir, un zeste cathéchumène Polar, tendance Mary Higgins. <br /> <br /> Si c'est son vrai (de nom), chapeau.
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