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19 janvier 2024

Les Voyous (Los Golfos) de Carlos Saura - 1960

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Si Carlos Saura continue à donner une vision aussi triste de la réalité, il risque d'avoir des problèmes, à mon avis. En plein exercice d'hommage au néo-réalisme italien, le voilà qui débarque en 1960 avec son premier long-métrage, et qui annonce clairement la couleur : la vie est une chienne, on ne fait rien pour y remédier, et il reste à la jeunesse espagnole orpheline à faire des mauvais coups, rêver de gloire et se retrouver le bec dans l'eau. A l'image de ce puissant plan final où un taureau agonise lentement sur le sable de l'arène, l'avenir semble bien bouché pour notre petite bande de jeunes désœuvrés qui ont eu le tort de naître à Madrid à la mauvaise époque. La première demi-heure nous les montre errant dans les marchés ou les ruelles de la ville, volant vaguement les fruits ou la menue monnaie des passants, complètement abandonnés à une tristesse latente et à l'ennui, alors même que la ville bruisse de vie. Façon reportage, Saura filme l'effervescence de Madrid, avec ses bruits et ses mouvements, et pose ses anti-héros en son sein, comme une tache rappelant que la jeunesse est bien oubliée dans le lot. Cadrages au cordeau, montage dans l'énergie : on est bien content.

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De ce petit groupe de pickpockets du dimanche émergent alors six "vitelloni", petite bande habituelle de glandeurs au verbe haut et aux succès (professionnels et sentimentaux) en berne. Parmi eux, un seul a un peu d'ambition : Juan veut être toréador, et s'entraine avec des petites vachettes pas très glorieuses devant le regard admiratif de ses potes. Pour pouvoir percer et prouver son talent, il lui faut un vrai taureau, une vraie arène ; mais pour ça, il faut débourser une grosse somme, que le petit groupe est bien décidé à trouver. C'est parti pour une suite de coups de jarnac où nos compères sont contraints de prendre de plus en plus de risques. On se doute bien que tout ça ne va pas se terminer de la meilleure façon pour nos gars ; et on a raison : la mort, l'échec, la maréchaussée seront au rendez-vous. Je vous l'avais bien dit : le film est fermé de tous côtés, et même quand un des personnages a l'occasion de trouver sa grandeur (avec telle fille, dans tel acte un peu plus noble), il se heurte à la lose complète. Los Golfos est bien triste, peut-être parce que Saura le filme au sein d'une Espagne post-franquiste qui ne s'est pas encore relevée complètement du marasme de la guerre. Avec ce film, il apporte sa petite pierre à une possible réhabilitation de son pays ; mais pour le moment, on reste dans le pessimisme noir. Un film à la fois d'une brûlante jeunesse et d'un désespoir complet...

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