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22 novembre 2023

Les Innocents aux mains sales de Claude Chabrol - 1975

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A force de fréquenter les milieux bourgeois et de s'amuser avec leurs tares, le compère Chabrol a fini par réaliser quelques films bourgeois eux-mêmes, en tout cas ennuyeux comme des jours sans pain. Archétype du gros ratage : Les Innocents aux mains sales, bonne idée de départ sur le papier, mais énorme plantage à la fin. Rien ne va là-dedans, et on cherchera en vain quelque chose de positif à dire sur cet objet mortellement froid, incohérent, déréalisé et morbide. Chabrol range son humour et sa distance, plonge dans la noirceur d'un polar invraisemblable, sort sa misogynie et nous offre un film bancal par quelque bout qu'on le prenne. Il semblerait que l'idée de base, qui ne peut que réjouir l'ennemi de Romy Schneider de base, soit de faire de cette actrice réputée "fatale" une salope intégrale. Même si le film y parvient à maintes reprises, enfonçant de plus en plus le personnage dans une noirceur et un égoïsme fonciers, le projet s'écroule vite sous le jeu en contradiction de la comédienne : elle joue une tragédie, le bougre semble vouloir réaliser une caustique satire, les deux s'entendent comme chat et chien. Romy, c'est son habitude, gâche le film en grande partie en surjouant le drame qui passe dans son visage concerné ; il eut fallu un autre humour, une certaine dose d'auto-critique, pour jouer ce personnage. Grosse erreur de casting, mais ce n'est pas la seule malheureusement.

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Car pour interpréter son mari alcoolique et impuissant, Chabrol a la curieuse idée d'engager un Rod Steiger vieillissant. Si l'acteur fait tout ce qu'il peut, il crée lui aussi un personnage assez détestable, et le flou artistique sur les langues employées par les acteurs (de l'italien, du français, de l'anglais...) ajoute encore au déséquilibre de la distribution, et du même coup du film. Ajoutez, dans le rôle de l'amant un acteur fade à souhait (Paolo Giusti), et un Jean Rochefort surjouant son avocat compétent, et vous aurez une idée de la grosse erreur du film : ses acteurs. Dès le départ toutefois, le scénario est beaucoup trop bordélique pour qu'il y ait quoi que ce soit à jouer là-dedans : un couple désaccordé (elle, sublime ; lui, dépressif), un jeune naïf qui débarque là-dedans, un complot à la Facteur sonne toujours deux fois pour assassiner le mari et récupérer sa fortune, un meurtre au cours duquel tout déraille, bon ok, au départ on veut bien. Mais quand ceux qu'on croyait morts reviennent à la vie, et tentent des explications alambiquées pour justifier le fait, on tique vraiment : le scénario part méchamment en sucette dans sa volonté d’accumuler les coups de théâtre, et on arrête d'y croire. N'est pas Hitchcock, modèle éternel du cinéma de Chabrol, qui veut : lui savait faire passer les invraisemblances comme de rien ; ici, elles apparaissent comme des trous dans le récit, le compère n'ayant pas pris le temps de trousser un scénario convenable. Comme il n'a strictement aucune idée de mise en scène (sauf pour la séquence d'ouverture, vraiment bien), on passe son temps à soupirer devant les grosses erreurs, et à s'ennuyer devant les ambiances morbides, marronnasses, de ce film en pantoufles.

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