Le Retour (2023) de Catherine Corsini

Oui, bon, un petit film de vacances quoi, qui ne va pas bien loin, on va dire... Au-delà du fait que Corsini tourne en Corse ce qui fait une jolie paronomase en guise d'introduction, j'ai peur de ne pas avoir grand-chose à dire sur cette œuvre un peu paresseuse. Une femme black (ah si, cela a son importance, ne commencez pas...) et ses deux enfants retournent quinze ans plus tard en Corse après ce qu'on imagine un drame (la scène d'introduction évoquant un gros souci familial...). Le père, d'origine corse lui, est mort (il y a quinze ans ? à cause de la mère ?... suspense...), et les trois femmes tentent de faire leur petite vie le temps d'un été ; la mère, elle, bosse chez des gens riches (le couple Ledoyen / Podalydès aussi improbable qu'une alliance de gauche) en s'occupant de leur trois sales gosses en bas-âge, l'aînée, toute auréolée de son admission à Science-Po, fricote avec la fille, adolescente un brin délurée, des richards (sea, sex and drug) et la benjamine, grosse tête de lard un peu plaintive, cherche des embrouilles avec les locaux... Un été d'insouciance, d'expériences diverses et de premiers souvenirs amoureux ? Moui, cela pourrait tourner ainsi... mais le passé, tintintin, va s'inviter en vacances... Peut-on, quand on est black, ou disons d'origine autre que corse, s'intégrer en ce territoire à la fois si sympathique au demeurant mais un brin hostile, aussi ?... Alors même que l'aînée tente de trouver sa voie (renouant avec sa grand-mère qu'elle pensait morte, se faisant cajoler chez ces riches un poil condescendants), de couper avec son propre milieu (engueulade avec cette mère qui tait des pans entiers de son passé, brouille avec la sœur un peu trop branle-manette), on se rend compte que sa trajectoire n'est pas si différente que celle qu'eut sa mère... C'est ce petit parallèle (va-t-elle se faire les mêmes illusions que sa mater...?) qui sert de fil rouge à ce film dont on voit les ficelles depuis la station spatiale internationale...

Si Corsini filme avec un certain naturel l'insouciance de ces deux jeunes filles (leur découverte de l'amour et du corse, leur acoquinement avec la drogue douce, leur petit pétage de plomb...), si celle-ci sont pas trop mal campées (la cérébrale plutôt taiseuse mais avide d'ailleurs, la chiante assez drôle dans ses postures), le reste est tout de même beaucoup moins bien dégrossi : une mère-courage qui subit, une famille bourgeoise lourdingue à souhait, du petit mecton corse qui se la pète du matin au soir, du vieux corse à tronche... On a tôt fait de passer d'un petit vent de fraîcheur estival à la vision d'un récit un peu trop englué dans ses principes, ses clichés et ses certitudes... Un petit manque de finnnessse ? Oui, et de surprises aussi... Dans l'état, ce Retour paraît bien poussif et sa démonstration plus prévisible, dorénavant, qu'un été sans pluie. Une corsinade un peu lourde, si tant est que cela veuille dire quelque chose...