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6 novembre 2023

L'Antéchrist (L'Anticristo) d'Alberto De Martino - 1974

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A l'occasion d'Halloween, et pour solder mon passé sentimental encore chargé de quelques scories (je me comprends), me voici face à ce produit italien tout à fait dans la tradition nationale de l'horreur baroque. L'Anticristo est tout à fait honorable, relativement impressionnant, assez troublant même quand il mélange sexe et mort, relativement bien joué (ce qui est rare dans ce type de films) ; il n'a pour seul tort que d'arriver après L'Exorciste, et de lui courir après avec beaucoup trop d'ostentation pour être honnête. De Martino récupère le stock de vomis verdâtre, de crucifix et d'incantations cryptiques de son successeur américain, déplace son intrigue dans l'Italie bien-pensante de la grande bourgeoisie, vieillit son héroïne, et nous invite pour un nouveau tour de grande roue en compagnie de Belzébuth. Nationalité oblige, son film sera tonitruant là où l'autre était nocturne et très empreint de religion là où l'autre était plutôt sur l'émancipation d'une enfant en adolescente.

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Voici donc Ippolita (impressionnante Carla Gravina, aussi belle qu'effrayante, en tout cas super-investie dans le rôle), trainant comme une âme en peine son handicap (elle ne peut plus marcher) et son mal de vivre de médecins en cérémonie catholique. Rien n'y fait, elle reste malade et paralytique, et la nouvelle liaison de son père (Mel Ferrer) avec une petite jeune n'arrange pas son cas. Un jeune psy débarque et tente l'hypnose : c'est la porte ouverte à la gabegie. Ippolita découvre qu'elle a été jadis une sorcière brûlée sur le bûcher, et que le diable en a profité pour investir son corps et son âme. Dès lors, ça va être l'escalade : voix caverneuse, lévitation, télékinésie, proférations d'insultes corsées, agressions physiques diverses, notre malade déchaine ses pouvoirs maléfiques sur cette famille bien dépassée par le mal, et sur les différents médiums et autres curetons pressés à son chevet  Ne va plus alors rester qu'une solution : l'exorcisme pur et dur, pour une ultime confrontation avec les forces des ténèbres. Au son de la musique tonitruante de Morricone (belle partition, encore une fois), la dame livrera un long (trop long) combat pour retrouver son équilibre mental et son intégrité physique.

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C'est donc sur fond d'Italie catholique que se déroule ce film, et ça fait toute la différence. Foncièrement anticlérical, De Martino met son point d’honneur à blasphémer à tous les coins de film, non seulement verbalement, mais surtout dans des scènes très provocatrices qui abordent frontalement les tabous les plus puissants. Ça parle d'inceste, avec cette troublante relation père-fille, ou ces relation sexuelles même pas cachées de l’héroïne avec son frère ; ça parle sexe, avec cet envoutement diabolique qui se traduit par une nymphomanie chronique ; ça parle religions alternatives avec cette sorcière et cette dualité sans cesse brandie entre église traditionnelle et folklore new-age (belle scène d'orgie infernale) ; et il y a même une touche de zoophilie avec ce léchage de cul de bouc parfaitement vomitif. Le cinéaste ne s’interdit rien, et c'est vrai que son film, tout en provocations, en réussit certaines, et parvient plus souvent qu'à son tour à déranger. Même au niveau des effets spéciaux, le bougre ne se laisse pas arrêter par son budget restreint : il y a quelques scènes parfaitement pendables, comme cette lévitation au-dessus des toits de Rome, ou cette strangulation par un bras sans corps, qui sont faites avec des trucages hyper-cheap, mais qui convainquent par leur sincérité. Aussi, même si le film est trop long (une première heure qui prend vraiment trop le temps de poser les choses, un exorcisme de trop dans la deuxième heure), on finit par être touché par ce truc qui cherche vraiment à nous en mettre plein la vue, et le fait avec beaucoup de sincérité. Un film sombre et dérangeant qui, malgré ses défauts, arrive à balancer quelques scènes impressionnantes et à nous en donner pour notre argent.

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Commentaires
S
Premier photogramme : Laurie Anderson luttant de toutes ses forces pour ne pas se transformer en Christophe Lambert (Tiens bon, Laurie !)
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