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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
20 octobre 2023

Monty Python : Sacré Graal (Monty Python and the Holy Grail) de Terry Gilliam et Terry Jones - 1975

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Le temps est à l'automne, il faut se replier sur les vieux classiques qui nous fendent la poire en deux pour éviter la mélancolie. Mon choix ira aujourd'hui vers ce classique des classiques de la potacherie, le film qu'on a tous vu en VHS à l'adolescence et qui ne nous a pas lâché, reconnaissez-le, bande de boomers. Bon, c'est vrai que cette énième vison m'a un peu moins fait marrer que jadis, tant je connais chaque gag, chaque expression, chaque jeu de mot, chaque invention par cœur. Mais on reconnaît tout de même sans peine le génie total dans ce trésor d'absurdité et de non-sens, qui va jusqu’au bout du bout du bout du grand n'importe quoi, dans une maîtrise totale bien entendu. C'est ça qui frappe le plus avec l'humour des Monty Python : c'est un grand foutoir, mais réalisé dans le contrôle éminemment britannique de soi et la retenue entière des effets. Avec le plus grand sérieux, nos compères revisitent donc la geste des Chevaliers de la Table Ronde, réduite ici à une quête sans queue ni tête : les recherches du roi Arthur des chevaliers assez valeureux pour suivre cette mission, puis la recherche du fameux ciboire sont surtout l'occasion de rencontres complètement improbables et de trouvailles non-sensiques imparables. Un postiche qui tient au scotch, un vague costume en crépon, un accent poussé, une grimace, il n'en faut pas plus à nos compères pour interpréter une douzaine de personnages chacun, si possible le plus barrés qui soient : une armée de chevaliers poussant des "NIII" ridicules censés paralyser de peur quiconque les affronte, des soldats français balançant des vaches à la catapulte sur les Anglais, un croque-mort qui met des coups de masse aux gars pas encore tout à fait morts de la peste, un gardien de la forêt pugnace prêt à perdre tous ses membres plutôt que s'avouer vaincu, et Dieu lui-même qui intervient là-dedans (Gilliam à l'animation). Une galerie de freaks tous plus dingues les uns que les autres, et que les comédiens jouent avec un enthousiasme communicatif. Ils sont tous excellents, chacun dans leur genre.

Sans titre

Gilliam et Jones ne se foulent pas à la réalisation, se contentant de filmer les trouvailles du groupe le plus clairement possible. On relève bien ça et là quelques tentatives de style, mais la plupart sont assez démodées voire très laides, comme ces travellings avant caméra à l'épaule. Au mieux c'est fonctionnel, au pire ça gâche un peu la clarté des scènes : les comédiens sont souvent desservis par la mise en scène, par ces plans généraux qui ne leur rendent pas justice ou ce montage qui manque de nerfs. On préfèrera La Vie de Brian, ou mieux encore Le Sens de la Vie, dans ce sens. Mais on s'en fout complètement : on se laisse aller au grand délire du scénario et au jeu en roue libre des acteurs. A chaque seconde tombe un gag improbable, jusqu'au dernier, qui interrompt toute l'action à son point culminant par l'arrivée d'un car de flics. Personne n'est arrivé depuis à ce point de non-sens là, les Monty Python restent les maîtres du genre. Ils savent toujours rester une bande de collégiens farceurs et hilares, même dans le grand barnum d'un film (celui-ci manque de moyens, mais les suivants seront bien dotés), et semblent être les représentants de l'adage qui a construit ma vie (et celle de Shangols ?) : ce que nous faisons n'est pas sérieux, mais nous devons le faire sérieusement.

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Commentaires
C
Tout à fait d'accord avec votre analyse. Vous auriez pu aussi pointer un gag "posthume" : il y a quelques années, une réédition dvd promettait (comme c'était la mode) un inédit director's cut : cinq secondes supplémentaires réparties sur tout le film !
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