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20 octobre 2023

LIVRE : Cahiers de l'Herne - Vladimir Nabokov - 2023

9791031904115_2023_CahierNabokovAh oui, c'est riche un Cahier de l'Herne, je ne vous cache pas qu'il faut absolument vénérer l'auteur pour lire l'intégral de la chose... Mais quand on aime, comme on aime Nabokov, c'est un vrai régal que de se plonger dans ces petits appareillages critiques de son œuvre, dans ces textes inédits de l'auteur, dans ces extraits de correspondance enfin mis à jour, dans ces articles enamourés sur l'homme qu'il fut (grand amoureux de littérature, de papillons (bleus) et d'échecs) et sur l'écrivain qui n'en finit pas d'inspirer les générations qui viennent. J'ai sans doute lu la plupart des œuvres de Nabokov un peu trop tôt pour en goûter toutes les subtilités et les jeux, les énigmes littéraires proposés... Il n'en demeure pas moins que je reste totalement sensible à certains passages, à certaines phrases magnifiquement ourlées (ah ce sens des parenthèses... : "(un pique-nique, la foudre)" qui me marqua sûrement au fer rouge...), à un certain état d'esprit du sieur (qui aimait à détester pas mal de choses (Brice Mathieussent en fait une jolie synthèse) et je sens encore sa sourde influence en ce domaine...). Il paraît un peu vain de rouvrir ce gros cahier à mes côtés pour évoquer mes petits articles préférés parmi ces productions très disparates (on va de problèmes d'échecs aux études des couvertures de ces livres, Lolita en particulier, en passant par des analyses pointus sur son univers littéraire, sa conception de la traduction ou son statut de migrant perpétuel) mais je vais quand même m'y plier histoire de donner éventuellement envie à certains de se plonger dans cet ouvrage fourni. Comme je suis également, parallèlement, dans la lecture de Littérature 1 du même gars Nabokov (ses cours donnés à l'université américaine sur ses auteurs préférés... Après la lecture de sa présentation d'ouvrages  d'Austen et Dickens, je reste tout émoustillé à la lecture prochaine de ses analyses de Flaubert, Joyce ou Proust...), je dois admettre être un peu sous l'influence évidente, pour ne pas dire sous l'emprise de l'écrivain... Mais tentons tout de même de rester un poil objectif (mon œil)...

On découvre une courte correspondance entre Nabokov et Hitch (un dialogue de sourds, chacun exposant ses idées... qui ne sont en rien sur la même longueur d'onde), entre Nabokov et Kubrick (Nabokov s'y reprendra à deux fois pour livrer un scénario que Kubrick n'exploitera qu'à peine à 20%... Mais cela ne peinera pas vraiment Nabokov, sachant que Kubrick devait avoir et garder sa propre vision de la chose... Bel article à ce sujet de Michel Ciment qui explique en quoi l'adaptation de Lolita par Kubrick fut un tournant dans la carrière de ce dernier) et bien sûr énormément de commentaires sur Lolita qui semble une œuvre totalement redécouverte à notre époque : on relit en minaudant les articles vintage de certains critiques à l'époque qui étaient passés indéniablement à côté de l'essentiel (on se moque aussi un peu de ce pauvre Sartre et sa vue un peu courte sur Nabokov... les deux ne s'aimaient guère...) et on apprécie d'autant plus les contributions plus récentes de Nafisi (Lire Lolita à Téhéran) ou encore de Springora (une étude très finaude des mots prononcés par Lolita-Dolores dans l'oeuvre-même) sur la valeur très contemporaine de ce livre retors. Mais il y a aussi moult articles inattendus qui nous ont touchés : la déclaration d'amour de Podalydès, Denis, à Nabokov, l'article très pêchu et passionnant du traducteur japonais (!!!!) de Lolita (petit quizz pour les plus malins d'entre vous... qui a traduit Lolita en allemand ? Hein ? Helen Hessel bien sûr ! Qui est Helen Hessel ? Tu veux ma main sur ta gueule ?), un texte en tout point remarquable, ah si remarquable, de Nabokov sur le lien entre les hommes et les objets (je vous avais prévenus, faut être ouvert et prêt à tout... mais on tombe parfois sur des trucs qui émanent de nulle part et qui nous laissent tout chamboulé), le petit article de son fils sur son pater (qui n'a rien d'anecdotique) ou les extraits du journal de sa femme à la publication de Lolita (je lirai peut-être d'ailleurs l'intégral pour vous emmerder)... Et j'en passe... Le principe ici est surtout de lire et relire certains passages minutieusement choisis, intelligemment décryptés, par ces passionnés, passages donnant automatiquement envie de se rattaquer à Ada ou à Autres Rivages... ou à. Bref, il faut certes, j'en conviens, une petite motivation pour attaquer la chose (c'est déjà tellement lourd qu'à chaque fois on risque une hernie... d'où le titre, je pense) mais cela ne pourra que ravir tous les fans du Vladimir. Je ne prends pas de pourcentage sur les ventes, sinon.

Commentaires
H
Bel article, mon bon. M'en fallait déjà pas beaucoup pour que ce gros parpaing s'en aille rejoindre mes autres sur les étagères... Mais là, ça donne bien envie.<br /> <br /> Heureusement que les Moi-aussi lisent peu, ou pas... Parce que ce que le père Vladimir ose dire à propos et autour de Jane Austen est un poil... euh, quand même... un poil... gros lourd. Je dis "gros lourd" parce que je l'aime.
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