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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
21 septembre 2023

Le Rock du Bagne (Jailhouse Rock) de Richard Thorpe - 1957

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O wa-ba-be-loo-bop, voici The King qui débarque sur Shangols avec ses déhanchés sexys et sa voix de velours, pour ce film qui a la réputation d'être le seul à peu près regardable de sa filmographie. Réalisé par le compétent Richard Thorpe, agrémenté des morceaux tour à tour toniques (la chanson-titre) ou sucrés de Presley, il aurait en effet tout pour être agréable à l'amateur de romances contrariées sur fond d'ascension hollywoodienne. C'était sans compter sur le hic : Elvis joue comme un bourricot. La bienveillance du spectateur complaisant se verra peu à peu usée par les efforts démesurés du bougre pour parvenir à exprimer la plus petite émotion, et le scénario cousu de fil blanc, la réalisation convenue, et le manque de motivation à tous les postes finiront de l'achever.

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C'est la classique histoire du petit voyou sans envergure qui devient peu à peu le roi du monde, et se fait bouffer par la célébrité. Elvis joue une petite frappe qui, au cours d'un séjour au bagne (il a tué ballotement un quidam dans un bar), découvre qu'il a dans la gorge un trésor : il sait chanter, et il ne lui faudra que quelques leçons pour savoir aussi jouer de la guitare. Ni une ni deux, sitôt sorti, le voilà décidé à convaincre les maisons de disque en place de sa grandeur. Il est bien aidé par une agente tombée un peu raide dingue de lui. Mais sa morgue, ses chevilles enflées, sa passion pour le fric et son absence de scrupules (ainsi qu'une stupidité bien ancrée) seront autant d’embûches semées sur son chemin vers le tube planétaire. Oui, notre gars réussit tout ce qu'il entreprend musicalement, mais si c'est au prix de la trahison de ses alliés, de la perte de ses amours, du reniement de soi-même, en vaut-ce la peine ? La prise de conscience morale et amoureuse ira de concert avec le développement du talent de notre rocker, et les ritournelles jalonneront son murissement.

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On a rarement l'occasion de voir un acteur aussi mauvais. Presley, bouche ouverte et petite moue aguicheuse aux lèvres du début à la fin (il doit trouver ça sexy), regarde les événements du scénario lui passer dessus sans jamais rien exprimer d'autre que son masque bovin. Il joue clairement pour la galerie, sans se soucier du tout de son personnage ; mettez-lui un décor d'île caribéenne à la place de celui de la prison, il jouera pareil ; confiez-lui n'importe quel partenaire, il ânonnera de la même façon ses répliques. Si notre homme retrouve un brin de santé dans les parties chantées (il faut aimer le sucre guimauve, mais ses morceaux sont joliment orchestrés, et le moment-clé de "Jailhouse rock" ne manque pas d'entrain, avec ces gigotements entre ridicules et géniaux), pour tout le reste il est aux abonnés absents, transformant son personnage en un caricatural enfant gâté très antipathique. Thorpe lui offre un écrin classique pas inintéressant, avec ce noir et blanc savamment pesé, ces rôles secondaires compétents, et cette modestie effacée à la mise en scène ; mais c'est donner de la confiture aux cochons : on ne voit que sa médiocrité. Du coup, le réalisateur et toute son équipe laissent peu à peu tomber, et retournent à un savoir-faire sans style et sans éclat. Ce qui, pour une comédie musicale, n'est jamais très bon signe.

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