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1 septembre 2023

Flammes d'Adolfo Arrieta - 1978

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Pas le plus simple des cinéastes, cet Adolfo Arrieta, décidément. Non pas que ses films soient difficiles à suivre, entendez bien. Au contraire : il travaille sur une sorte "d'enfance de l'art", sur une épure totale (due au manque de moyens, certes, en partie) de la forme pour mieux se mettre au service d'un scénario tout à la fois magique et simplissime. Mais disons que cette sobriété, justement, constitue un style qu'il faut bien appeler râpeux, ardu à aborder. Voilà en tout cas un film qui ne ressemble pas à grand-chose, malgré les références qu'on y trouve. Une pincée de bressonisme dans le jeu des acteurs, une touche de La Belle et la Bête dans le sujet, un voisinage certain avec quelques fortes têtes indépendantes de son époque, et vous vous retrouvez face à Flammes.

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Barbara aime les pompiers. Voilà résumé le cœur de l’histoire du film. Depuis toute petite, elle rêve qu'un pompier la visite la nuit, et devenue grande, sous les traits de la gracile et eustachienne Caroline Loeb, elle provoque une rencontre avec l'objet de son obsession. La voilà donc cultivant en secret dans sa chambre close le parfait amour avec son héros casqué, alors que sa famille se demande bien à quelle activité cette jeune femme, sous ses draps, enfermée dans son alcôve, peut bien être en train de se livrer... Notre ami pompier est-il réel, ou Barbara cultive-t-elle un fantasme devenu réalité dans  son esprit  ? Cette chambre isolée ne serait-elle pas le symbole d'une case de son cerveau à sa drôle de libido dédiée ? Sa fantaisie sexuelle ne finira-t-elle pas par se transmettre à son frère ouvertement gay (Pascal Greggory, diaphane) ? Autant de questions capitales posées dans leur plus simple appareil avec une frontalité et une simplicité qui font plaisir à voir.

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Ode à la rêverie d'un érotisme torve, joli petit essai sur le merveilleux qui vient pénétrer le quotidien, fantaisie à la Cocteau sur la valeur de la poésie dans la vie, le film est sans arrêt surprenant, à défaut d'être réellement passionnant. Arrieta y cultive un style très étrange, qui se définit notamment par des répliques qui arrivent toujours avec un temps de retard, par un jeu blanc anti-réaliste en diable, par une suite de séquences composées comme des tableaux classiques, par un goût pour le jeu poussé jusqu'à sa limite. Le merveilleux y est traité comme un enjeu essentiel de l'existence, les personnages ne s’étonnant jamais qu'il fasse son apparition dans le confort bourgeois d'un film par ailleurs assez réaliste. Assez ardu, disais-je, et c'est vrai qu'il faut s'avaler ces acteurs un peu flous (le pompier, mazette), ces séquences dénuées de nerfs et ce rythme complètement déstructuré ; mais si vous aimez l'expérience, si vous partagez avec Arrieta ce goût pour l'onirisme et cette conviction que le rêve peut être partout ou que l'érotisme peut aller se jucher dans des endroits improbables, ça a son charme, de toute évidence. Singulier, dirais-je pour me dédouaner.

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