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Shangols
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25 juillet 2023

Ne coupez pas ! (Kamera o tomeru na !) de Shin'ichirō Ueda - 2017

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Après m'être bien marré au remake réalisé par Hazanavicius, il était justice que je m'arrête sur le produit original. Embarquement donc pour ce grand-8 japonais ma foi très habile et ludique, qui retrace le tournage chaotique d'un film de zombies destiné à la télévision. Le mot d'ordre imposé à notre pauvre réalisateur : un plan-séquence de 30 minutes avec une seule caméra, une diffusion en direct. Le film commence donc par ces 30 minutes maladroites et bordéliques (car bien entendu, rien ne se déroule comme prévu), et Shin'ichiro s'attaque d'entrée de jeu à un gros risque : celui de faire croire à un film raté, et donc de perdre le spectateur, qui a la zappette facile. Une demi-heure c'est très long, le film est bourré de défauts, de maladresses, de fautes de rythme, d'invraisemblances, et il faut traverser ce temps pour se rendre compte qu'en fait, tout ça est voulu. Le fait est qu'une fois la stupeur passée, on commence à trouver que c'est un peu beaucoup, et si je n'avais vu le remake, j'aurais pour le coup peut-être arrêté là. Fort heureusement, une fois ce calvaire passé, on entame réellement le projet de Ne coupez pas : montrer un tournage où tout déconne, et montrer comment, à force de débrouillardise, de solidarité et d'arrangements bricolés, on finit par produire une œuvre.

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Cette deuxième moitié de film est vraiment très jolie : on y voit le réalisateur (excellent Takayuki Hamatsu) confronté à l'ego, à l'alcoolisme ou à la folie douce de ses interprètes, contraint de jouer avec les budgets et les producteurs, obligé de faire de plus en plus de croix sur ses ambitions artistiques du début, et s'accrocher coûte que coûte à son projet. Toute l'équipe, vaille que vaille, finit par le rejoindre dans cette foi dans le cinéma, et c'est très touchant, petit à petit, de voir que Shin'ichiro travaille sur une certaine conception de l'artisanat au cinéma : rien ni personne n'est génial à-dedans, ni le scénario incompréhensible, ni les acteurs de série B, ni la réalisation, mais tous sont tendus dans le même but : arriver à rendre un produit correct. A grands coups de gags et d'accidents improbables, on suit avec plaisir ce tournage en direct, accidenté et sans cesse menacé, on se rend compte du pourquoi des maladresses du début, et on rigole bien à voir cette équipe se raccrocher aux branches. C'est vrai que le film français est meilleur, plus maîtrisé, plus lisible, moins hystérique ; mais le principe est très fun et réussi, culotté et inventif, et on sait gré à cette bande de bras-cassés de nous avoir donné cette grosse farce déjantée à déguster.

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