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24 juillet 2023

Asteroid City (2023) de Wes Anderson

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J'avoue que c'est un peu du vice que de revenir encore et encore sur Wes Anderson alors que depuis longtemps son cinéma me laisse en bordure du chemin. Reconnaissons ici, tout de même, qu'après la frénésie de The French Dispatch (jusqu'à la nausée parfois), cet Asteroid City est on ne peut plus posé, pour ne pas dire d'une zenitude absolue... Mais zen et dénervé jusqu'à atteindre la sécheresse de ce (beau) décor de désert, de bled perdu sous une lumière blanche qui empêche à ces êtres d'avoir du relief... Ici les acteurs (une immense brochette de Stars), atones, ne font point dans la théâtralité, bien au contraire, alors même que le film évoque la mise en scène d'une pièce. Pièce dont on voit la version dans ce décor de "cinéma" westernisé et dont on découvre (lors de passages en noir et blanc) les coulisses : un aller-retour plutôt intelligemment agencé mais qui n'apporte là encore que peu de profondeur à la chose (seul le face à face, sur la fin, entre l'acteur principal (Jason Schwartzman) et sa femme disparue depuis (Margot Robbie) sera quelque peu porteur d'émotion). Autre thématique traitée ici, celle de la disparition, justement (Jason annonce à ses quatre enfants la mort de leur mère (de façon un peu "décalée") dès le début du récit), du deuil, de l'absence, une disparition qui va planer sur l'ensemble du film - comme si cette mort avait définitivement gelé les sentiments de chacun, leur exubérance. C'est certes assez bien vu en soi (ce plombage d'atmosphère jusqu'à la lie) mais cela enlève également toute énergie, toute dynamique à la chose, une chose que l'on regarde avec la même sidération que les acteurs, les paupières de plus en plus molles...

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Qu'est-ce qu'on attend ici-bas, pas grand-chose, plus grand-chose semble-t-il, et heureusement qu'un extra-terrestre vintage (le film se proposant d'être également une variation sur les séries B science-fictionnelles des fifties) vient apporter un peu de surprise et de cocasserie dans ce film au climat de plus en plus soporifique. La majorité des personnages qui sont venus dans ce coin perdu pour assister à une convention réunissant des petits génies inventeurs se retrouvent isolés totalement du reste du monde (l'armée est convoquée suite à la venue de cet E.T., une créature longiligne (c'est Goldblum qui s'y colle) qui a volé l'astéroïde faisant la gloire de ce trou) - mais cette isolation ne va pas durer : une fuite dans les journaux quant à cet événement extraordinaire va provoquer, ô surprise,  un déferlement de touristes (qui repartiront aussi vite qu'ils sont venus d'ailleurs... laissant un autre "trou" dans l'ambiance et dans la tête de Jason). L'histoire, elle, part un peu en lambeaux (il fallait apparemment donner un minimum de trucs à jouer à toutes ces stars...), mais on continue tout de même de suivre bon an mal la relation qui se noue entre Jason et Scarlett Johansson (une Scarlett qui incarne marylinement la star de la pièce) et qui débouche sur un amour dépressif un rien mortifère... Si quelques petits gags cartoonesques sont bienvenus (ma préférence au Bip-Bip qui traverse le cadre à quelques reprises), cette mise en scène, malgré les simples travelling latéraux qui suivent la ligne d'horizon de ce désert ou les effets de verticalité imposée par la venue de l'E.T., donne l'impression d'être terriblement figée coinçant les acteurs dans un cadre, dans leur bulle - de bandes-dessinées. On sent bien qu'Anderson épure ici son style de façon extrême, se jouant de ses propres personnages-marionnettes qui récitent platement leur texte, sans guère d'affect, qu'il revient en quelque sorte à ses premiers amours avec la présence de ces enfants surdoués un peu perdus dans leur monde (les trois sœurs, les petits génies), loin des adultes (morts ou peu attentifs à leur univers) mais la chose, si elle peut encore en épater certains par cette rigueur et ce léger humour pince sans rire, m'a laissé honteusement froid, réussissant seulement à capter ici ou là mon attention le temps de passage d'une comète. Toujours pas wesh...

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Commentaires
H
Rien que la vision de la dernière image citée ci-dessus m'épuise. Et la lecture de la liste des acteurs et actrices (plus ou moins) impliqués dans ce nouvel opus d'Anderson m'achève... On avait tendance à se moquer des castings « all stars » de films du type 'Le Jour le plus long', mais on n'en est pas si loin, finalement. Or l'addition de noms n'a jamais donné une distribution intéressante (quel vilain mot en l'occurrence, « distribution » !). Dans une moindre mesure, le problème est le même dans certains films de Jarmush, dont 'The Dead Don't Die' — quelques interprètes sont d'ailleurs communs aux deux cinéastes.
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