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9 juillet 2023

Jewel Robbery (1932) de William Dieterle

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Une petite comédie policière romantique, on ne va pas cracher dessus, d'autant que c'est l'ami Dieterle aux manettes (qui ne se fend guère, certes, au niveau esthétique) et qu'on retrouve en haut de l'affiche le couple formé par William Powell (l'homme à la fine moustache, un Américain à l'humour et à la finesse anglicisés à mort) et Kay Francis (blanche oie rigolote). Le principe est ici des plus simples, arsènelupinesque pourrait-on dire : lors d'un vol de bijoux, le gentleman cambrioleur Powell tombe sur la Kay (elle est avec son vieux barbon de mari pour s'offrir un diamant), c'est le coup de foudre immédiat... à tel point que le William en oublierait presque le vol, à tel point qu'il ne rêve ensuite, bien que poursuivi par toutes les polices, que de la revoir... Ils se reverront, forcément, et la magie sera toujours là : mais seront-ils, ces deux tourtereaux finauds, plus malins que cette lourde police ? Je pose juste la question pour la forme.

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Dieterle, après avoir rapidement posé la situation (montrant la vénale Kay sortant de son bain jambes nues et plaisantant sur cette relation maritale poussive... mais pour un diamant tout se justifie, n'est-il pas), va vite en venir à la situation dramatico-comique : un cambriolage de magasin qui tourne rapidement au cambriolage d'un cœur ; si Powell, aidé par une multitude d'hommes de main, sa décontraction, sa nonchalance, n'a aucun mal à piller ce magasin en plein jour, reconnaissons qu'il n'en a guère plus pour conquérir cette Kay en manque de romantisme et d'imprévus (elle a un amant qui l'accompagne d'ailleurs avec son mari dans cette bijouterie mais il a l'air aussi passionnant qu'une tête de veau) : ils flirtent, notre voleur et notre infidèle, à qui mieux mieux, se foutant autant des gens qui les entourent que de la supposée dangerosité de la situation (faut dire que l'agent de sécurité a autant de flair qu'un malade du covid). Ils rient de se voir si beaux et si à l'aise et l'ami Powell sortira le grand jeu (il a le sens de la mise en scène, c'est le moins qu'on puisse dire) pour gagner définitivement le cœur de la belle juste après le vol ; on se charme à grands coups de sourire colgate et de valses viennoises (le film est d'ailleurs censé se dérouler dans ladite ville), on parle de s'aimer et de faire l'amour avec la même facilité qu'un petit oiseau ferait son nid, et on se joue des autres (flics et entourage proche) avec le même mépris facile que l'on pourrait avoir envers un supporter de football parisien. C'est la grande classe du gentleman d'un côté et la féminité joyeuse et légère de l'autre ; Dieterle laisse ses deux comédiens enchainer leurs répliques en variant peu les décors (c'est eux les vedettes ainsi que le gay spirit), les laisse flirter comme des dingues en ces temps de pré-censure bénis, et ose même sur le fil un petit regard caméra tout aussi coquin que le ton de ce film léger et bon enfant. Joyeuse comédie à l'image de ces cigarettes qui font rire, sans doute filmée un peu trop souvent "à plat" mais jamais dénuée de rythme (même si sur une heure, la durée du film, la gageure n'était pas extrême).

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