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20 juin 2023

La longue Route (Daleká cesta) (1949) de Alfréd Radok

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Il ne s'agit point là d'un énième film (de l'est, du côté de Prague plus précisément) sur la seconde guerre mondiale et les camps de concentration. Réalisé juste après cette guerre, justement, on sent chez Radok l'urgence de capter et de tenter de retranscrire l'atmosphère d'alors, de faire preuve de réalisme au niveau des angoisses, des peurs, des drames individuels... A l'image de ce petit effet spécial où il met dans un coin de l'image la fiction alors que des images d'archives envahissent la totalité de l'écran (des discours rageurs d'Hitler et de ses bras droits jusqu'à la libération), il y a ici, véritablement, le désir de montrer la petite histoire dans la grande comme pour nous faire prendre conscience de toute l'horreur de la chose à hauteur humaine. Radok concentre son récit sur une famille juive dont les membres vont peu à peu devoir faire leur malle pour la ville-ghetto (et camp de concentration) de Terezin ; la jeune femme de la famille, mariée à un docteur non juif, sera la dernière à se rendre dans cette sombre ville...

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Le récit, qui peut paraître parfois un peu éclaté, se concentrant sur une foule de personnages, montre parfaitement la montée de cette peur en ville chez ces Juifs étoilés, Juifs qui reçoivent tour à tour leur convocation pour être "transportés" ; chacun, sans trop savoir en quoi cela consistera, obéit généralement à cette injonction alors même que les petits kapos nazis font déjà preuve, dans l'organisation de la chose, d'un mépris et d'un dirigisme absolus... Il y a ce départ, on ne sait jamais trop quand, pour l'inconnu, puis les conditions de vie exécrables, humiliantes à souhait, les uns sur les autres, dans cette ville de Terezin où chacun doit se battre pour survivre. Radok traduit cette tension qui peu à peu submerge chaque individu dans ce camp-zone de transit alors même que les rumeurs des chambres à gaz ou que l'hécatombe des malades du typhus sévissent. Outre l'éclatement de cette famille, l'éclatement de ce couple mixte, sont mis en scène ici diverses scènes-traumas qui marquent la pupille : un marchand juif qui savoure un cigare quelques secondes avant son suicide, le défilé des réfugiés sous la pluie alors même qu'un orchestre (juif) est sommé de jouer (l'horreur et l'absurde se chevauchent), l'attente de pauvres gamins avant de prendre leur douche ou... (sans mesquin suspense à la Spielberg bienheureusement...), la libération du camp avec cette femme qui frappe violemment avec un marteau sur un piano suspendu (!) pour rameuter tous les gens du camp... Autant de scènes très fortes qui frappent juste et qui comblent les quelques petites faiblesses narratives de la chose. Marquant, encore et toujours.

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