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15 juin 2023

Un Américain à Paris (An American in Paris) de Vincente Minnelli - 1951

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Revenons si vous le voulez bien aux classiques, avec cette comédie musicale de l'âge d'or. An American in Paris est assurément une merveille, un des fleurons du genre, malgré les mille défauts habituels de ce genre de produits qu'on peut y trouver. Minnelli y atteint avec une grâce irrésistible ce fameux temps de suspension de la réalité recherché comme un Graal par tous ceux qui se frottent au genre : ces instants de croyance totale en un monde libéré de la pesanteur, léger et joyeux, enfantin et magique. C'est le pouvoir du cinéma, mais c'est encore plus celui de la comédie musicale : ce moment où on croit sans problème qu'un danseur peut s'envoler, qu'un problème se règle avec une chanson, qu'un orchestre mené par Gershwin peut se mettre à jouer dès qu'un homme tombe amoureux. Il y a maints instants comme ça dans le film, qui baigne littéralement dans le Bonheur et la Joie. Même quand les personnages ont des soucis (la pauvreté, la trahison amoureuse, la jalousie), ils les traitent avec un sourire radieux, une petite vanne sans façon ou, mieux, une chanson enlevée ou un pas de claquettes.

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Gene Kelly joue avec tous les clichés d'usage un peintre américain venu exercer son art qui lui rapporte bien peu à Paris. Un Paris magnifié et fantasmé en studio par des couleurs éblouissantes piquées à Toulouse-Lautrec ou Van Gogh, un Paris réduit à ses monuments célèbres, ses quais de Seine tout propres et ses cabarets enfumés. Notre homme rencontre une miraculeuse mécène qui, en plus de le lancer dans la carrière, tombe raide dingue de lui ("Jolie, cette robe que vous portez presque", lance goguenard un Gene gêné par les avances de la dame). Mais son cœur est pris par la belle Leslie Caron, qui est elle-même courtisée par un beau chanteur de charme. Voyez le dilemme ? Il va falloir moult ballets tourbillonnants et force chansons sirupeuses pour venir à bout de cet imbroglio sentimental. Oui, sauf que celui-ci passe vraiment au second plan d'un scénario très décousu, la trame n'étant là que pour proposer un vague lien entre les séquences musicales. C'est LE défaut du film : il est construit n'importe comment, et on reste ébahi par les apparences soudaines de scènes complètement déconnectées de l'histoire, montées sur un prétexte flou. Bon, c'est habituel : rares sont les comédies musicales réellement bien écrites, et on pardonnera ces maladresses devant la beauté incroyable des séquences chantées et dansées.

Notre-film-culte-du-dimanche-Un-Americain-a-Paris-de-Vincente-Minnelli

Ma passion pour Gene Kelly n'est plus à prouver, mais là c'est un éblouissement. Le gars ne touche littéralement pas terre du début à la fin, gagné par la grâce. Qu'il accorde soudainement son pas à celui de Leslie Caron, dans un raccourci extraordinaire du sentiment amoureux ; qu'il rigole avec les gamins de sa rue, dans un  numéro d'une gaité irrésistible : ou qu'il se livre à un ballet extraordinaire de 18 minutes à la toute fin du film (et la chose semble n'avoir été réalisée que pour cette séquence-là) ; sa présence est partout prodigieuse, des prouesses techniques aux simples petits détails de jeu (sa façon de quitter la scène...). Parfaitement réalisées en très longs plans, les chorégraphies sont des miracles de précision, exécutés avec brio par des danseurs exceptionnels. Et surtout, les décors, la lumière, les costumes, tout est dirigé vers un monde de rêve, sorte de vision impressionniste de Paris qui doit beaucoup aux peintres de la grande époque. Ajoutez à ça des dialogues finauds ("- On ne trouve qu'une fois la femme de sa vie. / - Tant que ça ?"), des seconds rôles impayables (le copain pianiste à sale gueule, Georges Guétary dans le rôle du bellâtre crooner) et une ambiance de fête constante, vous obtenez le film le plus spectaculaire qui soit. Who could ask for anything more ?

American in paris an 22 Minnelli

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